Boris Johnson.

Pénuries, retard dans les ports… Le scénario chaotique d’un Brexit sans accord

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

La fuite d’un rapport officiel, obtenu par le journal britannique Sunday Times, a révélé les conséquences d’un no-deal pour le Royaume-Uni. Et ce, malgré  » l’opération Yellowhammer « , une opération visant à éviter l’effondrement du pays après le divorce.

Outre la perspective de pénuries de denrées alimentaires et de médicaments – craintes déjà envisagées par le gouvernement -, une nouvelle étude pangouvernementale fait également état d’une crise de trois mois dans les ports, d’un rétablissement d’une frontière irlandaise rigoureuse et d’une augmentation des prix.

Ce nouveau rapport divulgué par le Sunday Times suggère donc que la situation s’est aggravée depuis la fuite d’autres documents au Guardian, début d’année, qui présentaient déjà certains scénarios pessimistes. Le Sunday Times précise cependant que ces nouvelles prévisions ne sont pas simplement le « scénario du pire », mais bien des répercussions plus que probables d’un no-deal.

Cette fuite intervient alors que Boris Johnson doit rencontrer les dirigeants européens plus tard cette semaine.

Les conséquences possibles d’un no-deal

Selon le dossier, quitter l’Union européenne sans un accord pourrait conduire à :

  • des files d’attente de deux jours et demi aux douanes : en effet, jusqu’à 85% des camions empruntant les principaux canaux de traversée de la Manche « pourraient ne pas être prêts » pour la douane française ;
  • des retards des passagers dans les aéroports de l’UE, dans l’Eurotunnel et à Douvres;
  • des délais prolongés pour la fourniture des médicaments : le trois quarts des médicaments britanniques arrivent dans le pays via les principaux canaux de traversée de la Manche ;
  • une réduction de la distribution de produits frais ;
  • une augmentation des prix, qui pourrait à son tour impacter les plus « vulnérables » ;
  • une frontière irlandaise dure, après l’échec des plans visant à éviter les contrôles, suscitant des protestations ;
  • une disponibilité réduite de carburant, et la suppression de 2000 emplois, si le gouvernement fixe à 0 % les droits d’importation sur l’essence, entraînant la fermeture éventuelle de deux raffineries ;
  • une augmentation du désordre public et des tensions communautaires résultant d’une pénurie de nourriture et de médicaments ;
  • une interruption du fret dans les ports pouvant durer jusqu’à trois mois, à la suite de contrôles douaniers.

Un dossier qui n’est pas d’actualité

Plusieurs sources de Downing Street ont rapporté que ces documents avaient été préparés sous l’administration de Theresa May et et qu’ils ne reflétaient donc pas les planifications prévues par l’administration de Boris Johnson. « Ce dossier date du moment où les ministres bloquaient sur ce qui devait être fait pour se préparer à partir et lorsque les fonds n’étaient pas encore disponibles. Il a été délibérément divulgué par un ancien ministre dans le but d’influencer les discussions avec les dirigeants européens. « , rapporte l’une des sources du numéro 10, Downing Street. Les sources affirment que deux milliards de fonds supplémentaires ont depuis lors été dégagés et que la posture du gouvernement a changé.

Le ministre de l’Énergie, Kwasi Kwarteng, a aussi assuré que le Royaume-Uni serait « pleinement préparé » à quitter l’Union européenne le 31 octobre. »Je pense qu’il y a beaucoup d’alarmisme dans l’air et qu’un grand nombre de personnes jouent la carte du projet peur« , a-t-il déploré.

De son côté, Boris Johnson insiste sur le fait qu’il veut toujours que le Royaume-Uni quitte l’UE avec un accord. Il demande cependant un nouvel accord sans clause de sauvegarde (backstop), qui a pour but d’éviter le rétablissement d’une frontière physique entre la République d’Irlande et la province d’Irlande du Nord.

Il doit rendre visite à Angela Merkel, chancelière allemande, et Emmanuel Macron, président français, avant le sommet du G7 qui se tiendra cette semaine pour souligner ses demandes de concessions. Cependant, l’UE est catégorique: le backstop doit rester.

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