Niels H. © Reuters

Niels Högel, l’infirmier tueur qui se prenait pour Dieu

Le Vif

En mal de gloire et par « ennui », il a tué en masse, arbitrairement, sans aucune empathie: l’infirmier Niels Högel se flatte aujourd’hui d’être le tueur en série le plus prolifique de l’après-guerre en Allemagne.

Cet homme corpulent de 41 ans, dont le troisième procès débute mardi, est accusé cette fois-ci d’avoir tué une centaine de personnes en leur injectant une surdose de médicament.

Depuis 2015, il est condamné à perpétuité avec une peine de sûreté de 15 ans, après avoir été reconnu responsable du décès de six patients. Il avait alors avoué une trentaine de morts supplémentaires et 60 tentatives.

A priori, il y en a beaucoup plus, la police évoquant jusqu’à 200 victimes potentielles. Selon des codétenus, il s’est lui-même sacré « plus grand tueur en série de l’histoire de l’après-guerre ». Sans jamais exprimer de remords.

– « Plutôt normal » –

Pour cerner sa personnalité, le journal Nordwest Zeitung a collecté de nombreux témoignages d’anciens professeurs ou camarades de classe. « Sympathique, serviable, amusant », sont les mots qui reviennent, « en aucun cas un marginal », selon la longue enquête de ce quotidien local.

« Un élève plutôt normal », plus intéressé par le foot que par les études.

Né le 30 décembre 1976 à Wilhelmshaven, Niels Högel grandit dans une famille catholique qu’il décrit comme « chaleureuse et stable ».

Il entame à 16 ans dans l’hôpital de sa ville natale une formation d’infirmier, profession de son père. Plutôt moyen, le jeune homme décroche quand même son diplôme trois ans plus tard et reste travailler sur place quelques années, où il laisse, là aussi, le souvenir de quelqu’un de « gentil ».

Une image qui ne colle pas avec celui qui, entre 2000 et 2005, a provoqué un arrêt cardiaque sur des dizaines de patients dans deux hôpitaux avant de tenter de les ramener à la vie, le plus souvent sans succès.

Il alla jusqu’à appeler deux apprenties infirmières – qu’il cherchait à impressionner – pour assister à une tentative de réanimation, selon des témoignages.

Ses motifs: le désir de briller et « l’ennui », selon l’acte d’accusation du Parquet.

– « Rambo de la réanimation » –

Niels Högel « a agi par gloriole », avait dénoncé le juge en 2015, se servant des gens « comme des pions ».

« Un pauvre mec qui s’est donné les pouvoirs de Dieu », enrage lors un entretien à l’AFP Christian Marbach, dont le grand-père a été tué par Niels Högel.

Dans une longue expertise de 200 pages, le psychiatre Konstantin Karyofilis a confirmé qu’il ne percevait pas les patients comme des « individus ».

La façade du « type sympa » s’était fissurée à l’hôpital d’Oldenbourg, où il avait décroché un job en 1999.

L’établissement a bonne réputation, mais il ne se sent pas à la hauteur, commence à boire trop d’alcool, et à développer des tendances dépressives conjuguées à une peur panique de la mort.

Les réanimations – et les décès – aux soins intensifs se multiplient quand il est de service. Il devient « l’oiseau de mauvais augure », avec qui on préfère ne pas travailler.

Il est poussé à partir fin 2002, avec une bonne lettre de recommandation.

Aucune enquête interne ne sera menée contre lui.

Ce qui permet à cet homme entretemps marié et père d’une petite fille de continuer son carnage à l’hôpital voisin de Delmenhorst, où on le surnomme le « Rambo de la réanimation ». Jusqu’à juin 2005, quand il est pris en flagrant délit.

Les expertises psychiatriques ont montré un « sévère trouble narcissique ».

Tuer n’était pas en soi son objectif: quand il parvenait à ranimer des patients, il se sentait apaisé

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