Siège du journal Nice Matin. © ISOPIX

Nice-Matin contre Nethys

Le conseil de surveillance du quotidien Nice-Matin estvent debout contre son actionnaire Nethys qu’il somme de se positionner par écrit avant le 17 décembre prochain.

La semaine dernière, la visite-éclair à Nice de Stéphane Moreau, ceo de Nethys, et de Pol Heyse, son directeur financier, n’a pas suffi à rassurer le personnel et les responsables de la société coopérative Nice Matin. Le 10 décembre dernier, le conseil de surveillance de celle-ci a voté à l’unanimité une motion sévère à l’égard de la SA Nethys qui détient 34 % de son capital, le reste étant aux mains des 456 salariés-actionnaires (sur un total de 800 membres du personnel). « Nice Matin se trouve paralysé : dans l’incapacité sans son actionnaire de référence de provisionner les 7 à 9 millions d’euros de clause de cession des journalistes, les besoins en fond de roulement, les provisions sur dette (Région : 2 millions d’euros, et Carrefour : 1 million d’euros) et, entre autres, d’apurement du paiement du plan de départs volontaire mis en oeuvre à la demande du groupe Nethys (4,4 millions d’euros). »

Le conseil de surveillance exige que le conseil d’administration de Nethys se positionne formellement et par écrit avant le 17 décembre prochain auprès de la SCIC Nice-Matin et du tribunal de commerce de Nice, « garant du pacte qui nous lie ». Faute de quoi, il donne « d’ores et déjà mandat au président de son directoire pour qu’il entreprenne toute action ferme et déterminée afin d’assurer et de garantir la pérennité de Nice-Matin ».

Le pacte d’actionnaires prévoit que Nethys monte à 51 % d’ici le 31 décembre prochain, alors que le Parlement wallon demande depuis plus d’un an au groupe liégeois de se désengager de ses participations minoritaires dans Nice-Matin (34%) et La Provence (11%, à côté de Bernard Tapie).

Lors de leur saut à Nice, les 5 et 6 décembre dernier, Stéphane Moreau et Pol Heyse ont rencontré huit membres du front commun syndical, sans réussir à satisfaire leur besoin d’informations . Leurs interlocuteurs institutionnels ont capté plusieurs messages : 1-Nethys souhaiterait rester dans Nice-Matin, mais à 49 %, tout en continuant à l’alimenter en trésorerie ; 2- c’est le gouvernement wallon qui lui ordonne de céder ses parts ; 3- pas question d’étudier l’offre de reprise d’un groupe de presse français intéressé par la reprise de La Provence et de Nice-Matin, voire de Nice-Matin tout seul. Interrogé par Le Vif/L’Express sur la position de Nethys, Stéphane Moreau élude : « On discute toujours… »

Après ces rencontres à Nice-Matin, le 5 décembre, Stéphane Moreau et Pol Heyse se sont rendus le lendemain, 6 décembre, à la mairie de Nice pour y rencontrer Christian Estrosi (LR). De quoi ont-ils discuté avec le maire ? Rien n’a filtré de cette rencontre, mais les sujets ne manquaient pas : la valorisation des deux hectares de terrain où se trouve Nice-Matin, idéalement situés à l’entrée de la ville, la possibilité de faire entrer au capital de Nice-Matin un actionnaire politiquement compatible, puisque Nethys rejette l’offre de reprise formulée par un groupe de presse français. Plus important : il a eu un entretien avec l’administrateur judiciaire de Nice-Matin.

Incapable de « se projeter budgétairement sur l’année 2019 », Nice-Matin est donc au bord de la faillite. Selon nos informations, des gilets jaunes de la CGT pourraient venir manifester, en janvier prochain, devant le siège de Nethys et devant le Parlement wallon pour protester contre l’attentisme de leur actionnaire minoritaire.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire