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Munich « fatiguée » un an après le déclenchement de la pandémie

Le Vif

« La situation se détend un peu mais nos équipes sont fatiguées et le virus n’a pas encore disparu », met en garde le professeur en infectiologie Clemens Wendtner.

Son établissement bavarois, la « Clinique de Munich », restera dans les annales médicales nationales à jamais : c’est là que fut accueilli il y a un an le tout premier patient atteint du Covid-19 en Allemagne.

Il s’agissait d’un salarié d’une entreprise locale spécialisée dans l’équipement automobile. Il avait été contaminé lors d’une formation animée par une Chinoise arrivée depuis peu de Wuhan et alors porteuse sans le savoir du virus: le début d’une pandémie qui allait gagner le pays dans son ensemble, avec aujourd’hui près de 60.000 décès et plus de 2 millions de personnes contaminées.

Malgré une année de lutte, l’heure n’est pas à baisser la garde dans la clinique. « Déconfiner maintenant, c’est bien trop tôt. Nous devons rester disciplinés », dit Clemens Wendtner.

– Signes d’amélioration –

Pour autant à Munich, certains signes d’amélioration apparaissent.

« Nous pouvons de nouveau accueillir des patients non Covid », se félicite le docteur Markus Heim, qui exerce dans un autre établissement de la ville, la clinique Rechts der Isar.

La porte vitrée qui coupe le long couloir des soins intensifs de la clinique Rechts der Isar a fait son retour fin janvier. Elle sépare les chambres des patients atteints du Covid-19 et celles des patients soignés pour d’autres pathologies.

Rétablir la séparation dans le service des soins intensifs y a sonné comme une petite victoire pour le personnel.

Fin décembre, face à l’envolée du nombre de cas, cette unité a entièrement été dédiée aux malades du Covid, ses 21 lits n’accueillant plus d’autres patients pendant plusieurs jours. « C’était une situation très tendue », confie Markus Heim, 44 ans.

Depuis un an, l’établissement vit au rythme des flux et reflux de l’épidémie.

Après une forte hausse des contaminations avant Noël en Allemagne, les chiffres s’améliorent lentement.

Le jour de la visite des journalistes de l’AFP, trois personnes sont traitées dans la section Covid-19. Parmi elles, un homme âgé d’une quarantaine d’années, inconscient, relié à de multiples tubes et machines, sous la surveillance constante du personnel médical. À côté de son lit, sur des photos, des membres de sa famille lui sourient.

En un an, les statistiques n’ont guère changé : d’après Markus Heim, environ un tiers des patients atteints du Covid-19 décèdent dans son service de soins intensifs.

« Ce que peut faire ce virus à des personnes pourtant en bonne santé » ne cesse d’étonner le médecin. « Il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas sur ce virus », constate-t-il.

– « Serrer nos parents » –

« Parler avec sa famille, ses amis, ses collègues » permet de se donner de la force dans ce contexte qui reste critique, confie l’infirmière spécialisée Monika Schubka, 49 ans.

Après des mois à soigner des patients Covid-19, le risque de se contaminer ne l’effraie plus. « Nous sommes bien équipés, bien protégés. Lors de la première vague, je m’inquiétais un peu, j’avais peur d’infecter ma famille, mais plus maintenant », assure la mère de deux enfants.

Charlotte sur la tête, visière de protection, masque FFP2, blouse et gants chirurgicaux pour pénétrer dans les chambres des « patients Covid » : les équipes sont rodées.

A ceux, de plus en plus nombreux, qui appellent à lever les restrictions, les soignants demandent malgré tout encore un peu de patience.

« Nous voudrions tous pouvoir faire ce qui nous manque, comme serrer nos parents dans nos bras », reconnaît Monika Schubka, qui n’a pas vu les siens depuis le mois de novembre. Mais « nous avons un long chemin derrière nous et encore un long chemin devant nous », constate-t-elle.

Elle s’est fixée un objectif : si la situation le permet, elle aimerait fêter ses 50 ans au mois d’avril avec sa famille et quelques amis. L’an dernier, elle n’avait rien pu organiser – la première vague du Covid-19 frappait Munich.

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