Carte blanche

Mettons fin à l’équation « Cause catalane = extrémisme »

Depuis plusieurs mois, la situation de la Catalogne a trouvé une place dans le paysage politique de la Belgique. Nous pensons qu’il faut sortir de l’équation « Cause Catalane=extrémisme » en expliquant la situation plutôt que de s’en tenir à des postures qui masquent la perception de ce qui se passe en Catalogne. De nombreux Belges y ont séjourné durant la période estivale et ont pu profiter de l’accueil des Catalans.

Nous souhaitons que le mouvement indépendantiste catalan arrête de s’isoler dans ce concert de sirènes de l’extrême-droite flamande par les apparentes familiarités de la N-VA. Comment les indépendantistes catalans peuvent-ils se retrouver avec le parti qui s’est, lui-même allié au Parlement Européen[1] avec le parti d’extrême-droite espagnole VOX ? Ce dernier, est le plus virulent opposant à toute évolution institutionnelle pour la Catalogne.

Mieux, dans le procès en cours contre les indépendantistes catalans, VOX s’est constitué partie civile. Dans le système espagnol, les parties civiles participent aux interrogatoires. Ce qui a amené les leaders catalans à devoir répondre aux représentants de VOX. Certains d’entre eux ayant refusé de répondre aux questions de ce parti d’extrême-droite, se sont vus condamnés pour ce refus.

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En Belgique, il faut sortir de l’imposture d’une Flandre nationaliste protectrice des Catalans. Nous voulons sortir la cause catalane de l’isolement dans lequel elle s’est lancée en suivant la N-VA et les alliances de celle-ci avec l’extrême droite flamande. C’est pourquoi nous pensons que fêter la Diada[2] avec le VVB[3] est une énorme erreur de jugement.

L’avenir de la Catalogne ne passe pas par l’extrême-droite ! Ouvrez donc vos yeux et vos oreilles et faites parler votre coeur antifasciste comme l’avait fait jadis Lluís Companys[4].

Nous voulons expliquer la situation de la Catalogne à tous les acteurs belges et définitivement sortir de ce cercle vicieux. Nous voulons sortir des postures et investir dans une solution politique pour la Catalogne. Construisons des ponts plutôt que des sens uniques.

Les Catalans attendent des solutions et pas des alliances avec les héritiers de Franco ou des postures romantiques où chacun se regarde en chien de faïence.

Oui, il faut obtenir la libération des prisonniers politiques catalans.

Oui, les Députés européens catalans élus par les Catalans doivent pouvoir exercer leur mandat en toute liberté et indépendance.

Oui, il faut favoriser une médiation avec le Gouvernement de Madrid pour trouver une solution politique pour la Catalogne.

Anyeline Genicot, Bruno Duboisdenghien

Activistes pour les droits fondamentaux et pour la libération des prisonniers politiques

27 août 2019

[1] Le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) regroupe un ensemble de partis de droite et de la droite nationaliste.

[2] La Diada, est la fête nationale de la Catalogne conformément à l’article 8.1 de son statut d’autonomie. Depuis 1886, chaque année, elle commémore la dernière défense de Barcelone le 11 septembre 1714. Elle a été célébrée clandestinement sous le gouvernement de Franco.

[3] Vlaamse Volksbeweging (le Mouvement populaire flamand) milite pour l’indépendance de la Flandre. Il est fondé en 1953 par deux ex-collaborateurs. Certains de ses dirigeants sont très proches du Vlaams Blok et de ses organisations de base. Le VVB édite « Doorbraak » (« Rupture »). Depuis février 1996, ce mensuel est devenu l’organe commun du VVB et du Taal Aktie Komitee. (Source « Dictionnaire de l’extrême droite néerlandophone » www.resistance.be)

[4] Il a été Président de la généralité de Catalogne en 1934. Exilé en Bretagne après la guerre civile espagnole, il y est arrêté par la Gestapo et livré au régime franquiste par le régime de Vichy puis exécuté à Montjuïc

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