Gérald Papy

France: Macron restera indéfectiblement fidèle au cap très libéral qu’il s’est fixé (édito)

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’ombre de Nicolas Sarkozy plane sur le nouveau gouvernement français. Les conseils de l’ancien président auraient été déterminants dans la décision d’Emmanuel Macron de changer de Premier ministre, par crainte qu’Edouard Philippe ne devienne trop encombrant, comme le fut François Fillon.

Le successeur désigné, Jean Castex, a été son secrétaire général adjoint à l’Elysée. Roselyne Bachelot, star médiatique propulsée à la Culture, exerça sous sa présidence aux ministères de la Santé puis des Solidarités. Et surtout, Gérald Darmanin, un aficionado affiché, est promu au département de l’Intérieur qu’il pourrait bien considérer, lui aussi, comme le tremplin vers la présidence qu’il fut pour Sarkozy…

Cette tendance lourde du remaniement gouvernemental auquel a procédé le président Macron pour marquer une nouvelle étape de son quinquennat après la très perturbante crise du coronavirus et la progression de l’écologie lors des élections municipales montre les limites de la réinvention qu’Emmanuel Macron promettait. L’inflexion sociale et écologique que les questionnements sur le monde d’après auraient pu inspirer est loin d’être garantie.

Macron maintient son cap

Le Premier ministre, Jean Castex, qui se revendique du gaullisme social, est friand de concertation et apprécié des syndicats. Une ancienne députée d’Europe Ecologie – Les Verts, Barbara Pompili, hérite d’un ministère de la Transition écologique dopé. Il n’empêche qu’Emmanuel Macron maintient son cap, confirme la réforme des retraites, refuse de revoir la suppression de l’impôt sur la fortune, et oppose toujours le primat du libéralisme à une mutation écologiste.

En organisant un Grand Débat national pour noyer les revendications des laissés-pour-compte de la France périphérique réunis sur les ronds-points, en faisant croire en pleine épidémie qu’il pourrait renoncer à allonger l’âge de la retraite pour mieux y revenir, ou en promettant monts et merveilles aux citoyens mobilisés au sein de la Convention sur le climat pour finalement transiger sur leurs recommandations, Emmanuel Macron enfume, enfume jusqu’à ne plus pouvoir convaincre de sa sincérité.

La vraie-fausse réinvention post-Covid-19 confirme en vérité que la trahison était originelle. Le président français a été élu sur la promesse de n’être ni de gauche ni de droite, mais de gauche et, en même temps, de droite. Les fervents ou les naïfs ont pu sincèrement croire qu’aux mesures libérales en faveur des entreprises de l’entame de mandat du chantre de la théorie du ruissellement allaient succéder, dans une deuxième phase, des dispositions de redistribution sociale. Il aurait pu tirer argument des impondérables, la révolte des gilets jaunes ou l’exposition des professions oubliées aux affres de la crise sanitaire, pour persuader son électorat de droite nouvellement conquis de leur nécessité. Mais non, scotché à droite d’où il espère être réélu, il ne le fera pas. Comme d’autres pays européens, la France a, certes, préservé les conditions de vie de nombre de travailleurs grâce à l’extension de sa sécurité sociale. Mais cette action risque de se résumer à une parenthèse. Emmanuel Macron restera indéfectiblement fidèle au cap très libéral qu’il s’est fixé.

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