Jordan Douherty © AFP

Londres : ces vies brisées par les crimes à l’arme blanche

Le Vif

Une fête d’anniversaire qui dégénère… et un meurtre de plus à Londres. Le 23 juin dernier, le nom de Jordan Douherty, 15 ans, s’est ajouté à la liste des victimes d’attaques à l’arme blanche, une épidémie au Royaume-Uni.

Le procès devant la cour criminelle de l’Old Bailey, où son meurtrier, un autre adolescent, a été jugé, a permis de retracer comment une agréable soirée d’été s’était achevée en fait divers tragique.

Ce soir-là, Jordan Douherty avait été poursuivi par une cinquantaine de jeunes, à la suite d’une dispute, selon des images filmées au téléphone portable, immédiatement partagées sur les réseaux sociaux et montrées à l’audience.

Dans cette vidéo, on voit l’adolescent trébucher avant de recevoir une volée de coups de poings et de pieds et deux coups de couteau à la poitrine.

Il se relève avant d’être de nouveau attaqué, laissant une traînée de sang dans son sillage, une vision devant laquelle sa mère n’a pu retenir ses larmes à l’audience.

Comme Jordan, plus de 5.500 personnes ont été attaquées à l’arme blanche à Londres lors des douze mois se terminant en octobre – un chiffre record – et plus de 90 sont morts, selon les chiffres de la police. Un climat de violence qui inquiète les autorités.

Bon élève, il s’était pourtant fait renvoyer de l’école après avoir rejoint C17, un groupe de musique drill. Ce courant du hip hop est extrêmement populaire auprès des adolescents et jeunes adultes londoniens, mais pointé du doigt pour ses textes violents à l’imagerie guerrière.

Le groupe, dirigé par son frère Roland, menaçait ses rivaux d’attaques au couteau dans ses chansons.

Neuf de ses membres avaient interdiction de paraître dans certaines zones de leur quartier de Romford, au nord-est de Londres, après une série d’incidents violents.

– ‘Seul et en sang’ –

Mais alors que beaucoup de meurtres dans les rues de Londres s’insèrent dans un contexte de rivalités entre gangs et de conflits liés à la drogue, celui de Jordan Douherty ne semble pas avoir été prémédité.

Tout a commencé par une fête d’anniversaire, interrompue après l’irruption de centaines de jeunes qui n’y étaient pas invités.

La tension était montée, jusqu’au drame qui a laissé toute une communauté bouleversée.

La jeune fille qui fêtait son anniversaire et ne connaissait ni la victime ni son meurtrier, s’est retrouvée, ainsi que sa famille, au tribunal, et ses invités ont été traumatisés.

La mère d’un participant à la fête, âgé de 16 ans, patientait sur un parking, à proximité du centre communautaire de North Romford, où se tenait la célébration, inquiète de voir la foule grossir.

Invitée à témoigner, elle s’est dit encore marquée par les événements qui se sont déroulés sous ses yeux.

« Un groupe d’environ 50 garçons et filles l’ont pourchassé dans la rue, 10 à 15 d’entre eux l’ont ensuite attaqué », a-t-elle témoigné derrière un rideau qui la dissimulait aux yeux de l’accusé.

« Il a trébuché deux fois, s’est levé, mais ils l’ont attrapé une seconde fois », a-t-elle raconté, ajoutant que certains des jeunes encourageaient les agresseurs et filmaient leurs actions.

Le fils de cette femme a vu Jordan Douherty « seul et en sang », pendant qu’il retirait un couteau de son flanc, et se rappelle encore avec précision le bruit de l’arme tombant au sol.

Un infirmier de la police habitant le quartier a expliqué avoir entendu un « rugissement digne d’un stade de football ». Il s’est précipité dehors et a trouvé Jordan Douherty dans une mare de sang, la tête sur les genoux d’une femme.

« Il est mort sur place », a-t-il dit.

Son agresseur, âgé de seulement 17 ans, a été jugé coupable de meurtre jeudi. Sa peine de prison sera fixée début 2019. Il risque la prison à perpétuité.

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