Les signataires, de gauche à droite : Václav Havel (Tchécoslovaquie), Lech Wa??sa (Pologne) et József Antall (Hongrie). © DR

Le 15 février 1991, le jour de la naissance du groupe de Visegrád, connu pour ses positions dures sur l’immigration

Jusqu’en 2015, peu d’Occidentaux le connaissaient. C’est bien cette année-là que le club sort de son ombre. En pleine crise migratoire, quatre pays se singularisent par des positions particulièrement dures.

Ils rejettent le système de quotas mis en place par l’Union européenne. Demandent de fermer les frontières aux étrangers, spécialement musulmans. Et réclament de redonner, en la matière, la souveraineté aux Etats. Pologne, Hongrie, Tchéquie et Slovaquie se distinguent comme les vilains petits canards de l’Europe. Le groupe de Visegrád vient de faire son entrée sur la scène communautaire.

Le groupe, pourtant, a déjà un certain âge. Il a été créé le 15 février 1991. Ce jour-là, Václav Havel, Lech Wa??sa et József Antall se retrouvent dans la petite ville hongroise de Visegrád. Le lieu n’a pas été choisi au hasard. En 1335, une rencontre historique s’y était tenue entre les rois de Bohême, de Pologne et de Hongrie. Objectifs de ces puissants ? Renforcer les liens politiques et commerciaux entre leurs Etats, mettre un terme aux vieux contentieux, et poser les jalons d’une paix durable. Entré dans l’histoire, l’événement était aussi resté dans les mémoires.

En 1991, le contexte est tout autre. L’Europe est en pleine recomposition. L’Allemagne vient d’être réunifiée. L’URSS est déjà morte mais pas encore enterrée. Ses anciens pays satellites, en passe de retrouver quelque autonomie, entendent exister sur la scène internationale.  » Nous avons une chance historique de transformer l’Europe centrale en une entité politique « , s’exclame, enthousiaste, le président tchécoslovaque Havel.

Pour exister, il faut s’unifier. Les trois pays l’ont bien compris. En s’associant, ils espèrent tout d’abord se soutenir dans la lente transformation politique et économique qui les attend. A terme, ils aspirent à quitter le communisme soviétique pour rejoindre l’UE et l’Otan. Ils entendent aussi fonder un sentiment d’appartenance commune. Enfin, ils désirent pleinement s’engager dans la voie de la diplomatie multilatérale.

Club d’élite ? Oui, un peu. Les membres de ce trio ne cachent pas leur volonté d’apparaître comme les pionniers de la transition. Et ça marche ! Très vite, ils sont considérés par les Occidentaux comme les favoris de l’entrée dans l’UE. Succès économique aussi : 90 % des investissements étrangers réalisés en Europe de l’Est le sont dans les pays de Visegrád.

Puis ? Plus grand-chose. En 1993, la scission tchécoslovaque affaiblit le groupe. Dans la foulée, de nouveaux dirigeants arrivent au pouvoir, qui tendent à considérer l’alliance comme artificielle. Celle-ci survivra… grâce au soutien des Occidentaux, qui y voient un facteur de stabilité. Le groupe se relance doucement. En 2004, l’adhésion à l’UE représente une belle victoire. Visegrád devient un espace de consultations informelles, souvent plus efficace sur le plan économique qu’en matière politique. Arrive la crise de 2015. Une belle occasion pour agir comme un bloc. Et, enfin, gagner quelque notoriété en Occident.

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