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La Russie célèbre les 75 ans de la fin du siège de Léningrad (en images)

Le Vif

La parade, qui s’est tenue sous la neige près du musée de l’Ermitage, a suscité la controverse, de nombreuses voix, y compris parmi les survivants du siège, la dénonçant comme un exemple de la propagande militariste menée par les autorités.

Le président russe, originaire de cette ville, n’a pas assisté à la parade mais devait participer à plusieurs autres événements prévus dans l’ex-capitale impériale russe.

Devant des centaines de spectateurs, par une température de -11°C, plus de 2.500 militaires, certains portant les manteaux en peau de mouton et les bottes en feutre portées par les soldats de l’époque contre l’envahisseur nazi, ont défilé, ainsi que le légendaire tank T-34 et des lance-roquettes.

La foule a observé une minute de silence au son d’un métronome. Lors du siège, la vitesse d’un métronome indiquait par radio aux habitants l’imminence de bombardements aériens. Des spectateurs tenaient des fleurs et certains pleuraient.

« Nous devons nous souvenir »

« C’est une célébration pour la ville et pour tout le pays », souligne un chef d’entreprise de 45 ans, Ivan Kolokoltsev. « Nous devons nous souvenir, nous devons commémorer pour que les gens se souviennent ».

Une autre spectatrice, Natalya Gerashchenko, est venue accompagnée de son fils de douze ans. « Un défilé militaire, c’est très beau », estime cette femme de 35 ans. « La fin du siège est un événement très important pour tout le monde ».

Alors que Léningrad comptait trois millions d’habitants avant la guerre, plus de 800.000 personnes ont succombé à la faim, la maladie ou aux bombes pendant les 872 jours de siège par les armées d’Hitler.

Avant les célébrations, près de 5.000 personnes ont signé une pétition appelant les autorités à annuler la parade militaire, qualifiée de « carnaval sacrilège ».

« Je suis contre le militarisme », avait déclaré à l’AFP avant le défilé Yakov Gilinsky, un survivant du siège âgé de 84 ans. « La guerre est une horreur ».

Certains estiment que l’argent consacré au défilé aurait dû être versé aux survivants du siège.

« Les personnes âgées pourraient acheter des médicaments et des vêtements et oublier un instant de compter le moindre centime », écrit le commentateur politique Anton Orekh.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n’a pas souhaité commenter la pétition, affirmant que Saint-Pétersbourg était connue pour « la richesse de ses traditions » en matière de controverses.

Pour le porte-parole, il s’agit « d’une date très importante pour le pays tout entier, pour tous les Russes et personnellement pour le président Poutine ».

Concert hommage

Le président russe devrait se rendre au cimetière de Piskarevskoïe et à un concert en hommage aux victimes.

Vladimir Poutine, 66 ans, n’était pas né pendant le siège, mais son frère aîné y a trouvé la mort. Il est enterré au cimetière que doit visiter le président russe.

La mère de M. Poutine, quant à elle, a failli mourir de faim lors du blocus, tandis que son père, qui combattait dans l’armée rouge, a été blessé non loin de Léningrad.

Depuis vendredi, plusieurs événements commémoratifs ont eu lieu à travers la ville, y compris des concerts et des projections. Dimanche soir, un salut au canon doit être exécuté pour marquer la libération de la ville.

Certains bâtiments portent toujours les avertissements du pouvoir soviétique contre ces raids, dans une ville de 5 millions d’habitants dont l’inconscient collectif reste profondément marqué par la tragédie.

Tandis que les colonnes des grands monuments pétersbourgeois seront illuminées, les habitants, parmi lesquels 108.000 sont des anciens combattants ou des survivants du siège, ont été invités à allumer des bougies à leurs fenêtres.

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