La Fièvre, réquisitoire contre le traitement par les médias de la crise des gilets jaunes. © BELGAIMAGE

« La Fièvre », le roman de la crise des gilets jaunes

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Ancienne journaliste à Marianne, à L’Obs et à Média, site d’actualité proche de La France insoumise, Aude Lancelin décrit dans son roman La Fièvre(Les Liens qui libèrent, 304 p.) la rencontre entre deux mondes sur fond de révolte des gilets jaunes.

Celui de Yoann, fils d’agriculteurs originaire de la Creuse, département du centre oublié de la France, et celui d’Eliel, reporter à Libération et figure médiatique de plus en plus « en vue » du microcosme parisien. Le premier qui juge que « la société entière est une espèce de conspiration pour parler de ce qui ne compte pas « voit dans le mouvement des insurgés des ronds-points » une puissante diversion à son isolement, et bien davantage encore ».

Eliel, d’abord méfiant à l’égard d’une mobilisation hybride et potentiellement cornaquée par l’extrême droite, finit par en comprendre les fondements et les revendications. En cela, il se démarquera à la fois du pouvoir dont il a eu un temps du mal à se distancier à force d’en fréquenter les ors, et des « intellectuels de gauche, généreux seulement en mots, mais humainement froids » qui ont snobé l’insurrection populaire.

Au désespoir d’Eliel, le suicide de Yoann consacrera la cécité du pouvoir politique et intellectuel à l’égard des soutiers de la cale dont la bourgeoisie avait fini par oublier l’existence et dont dépendait pourtant tout l’usinage social. Un réquisitoire puissant contre les médias et le pouvoir néolibéral.

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