Nicola Zingaretti © AFP

L’Italie attend toujours une majorité et un Premier ministre

Le Vif

Cette fois sera-t-elle la bonne ? Le président italien convoque de nouveau les formations politiques pour des consultations mardi, et probablement mercredi, à l’issue desquelles il pourrait enfin annoncer la formation d’un gouvernement et le nom d’un Premier ministre.

Les tractations vont bon train entre le Parti démocrate (PD, centre gauche) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-système) pour tenter de former une nouvelle majorité, en remplacement de l’alliance populiste qu’a fait exploser le 8 août le chef de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini.

Le PD apparaît résolu à avancer. « Sur les points de programme proposés, nous sommes ouverts et disponibles pour tout type de discussion, nous continuons de travailler pour que s’ouvre une nouvelle saison politique », a déclaré samedi son chef Nicola Zingaretti.

Les deux camps convergent déjà sur la réduction du nombre de parlementaires (ramenés à 600 contre près de 950), un programme économique attentif aux plus faibles et respectueux de l’environnement.

Mais au sein des Cinq Etoiles, mouvement fondé sur le rejet de la vieille classe politique, et traversé de courants droitiers, eurosceptiques ou marqués à gauche, les dissensions sont fortes.

Pourtant, impossible d’échafauder un gouvernement sans le M5S qui, même très affaibli avec un score de 17% aux Européennes, reste le premier parti au parlement depuis les législatives de 2018 (32% des voix).

Conte maintenu ou pas ?

Selon les médias, lors d’un dîner en privé vendredi, le chef du M5S Luigi Di Maio a fait monter les enchères, donnant 24 heures à M. Zingaretti pour accepter que la nouvelle majorité soit encore menée par le chef de gouvernement sortant Giuseppe Conte.

Une couleuvre difficile à avaler pour M. Zingaretti qui réclame « un changement de cap » après « un exécutif qui n’a pas été une expérience positive ».

Le social-démocrate reproche notamment à M. Conte d’avoir accepté les diktats anti-migrants de son ministre de l’Intérieur Salvini, pendant les 14 mois de la turbulente union M5S-Ligue.

A l’inverse, le « père fondateur » du M5S, l’humoriste Beppe Grillo, a défendu dans un blog le rôle modérateur de M. Conte: « Il apporte comme valeur ajoutée l’expérience d’avoir gouverné cet étrange pays. Bienvenue parmi les Elevés ».

M. Conte, très populaire en Italie, est sorti grandi, selon les politologues, de la crise avec M. Salvini qu’il a traité au Sénat d' »irresponsable » et « opportuniste », avant de démissionner avec panache le 20 août.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a rendu hommage à M. Conte samedi au sommet du G7 en France: « Je n’ai que des choses positives à dire. Il a toujours défendu les intérêts de l’Italie. C’est l’un des meilleurs exemples de responsabilité, loyauté ».

Interrogé par les médias italiens, M. Conte a estimé que la future majorité n’est « pas une question de personnes mais de programmes » dans un contexte de « grands défis à l’échelle mondiale ».

La Ligue s’écroule

Au même moment à Rome, Matteo Salvini a joué les trouble-fêtes en proposant aux Cinq Etoiles une réconciliation de dernière minute et un nouveau gouvernement sous la houlette de M. Di Maio. « Je ferai tout pour empêcher un gouvernement PD-M5S, je suis même prêt à rencontrer Di Maio en pleine nuit », a-t-il dit.

Selon les experts, une portion des Cinq Etoiles est tentée par les sirènes du Lombard, qui réclame de moins en moins un scrutin anticipé.

Peut-être parce qu’il s’écroule dans les sondages. L’institut Tecné donnait vendredi la Ligue à 31,3% des intentions de vote contre un record de 38%, le 8 août, jour de sa rupture avec le M5S.

La même étude d’opinion montre une poussée du PD qui se classerait derrière la Ligue à 24,6% en cas de vote (19% au printemps 2018) et une reprise du M5S à 20,8%, trois points de mieux que le 8 août.

Mais aux yeux du président Mattarella, l’heure n’est pas aux calculs politiques. Le temps presse pour la troisième économie de la zone euro qui doit préparer son budget 2020 dans un contexte de croissance zéro en Italie et de ralentissement mondial.

Si aucune « majorité solide » n’émerge, il décrètera le retour aux urnes. La date est déjà fixée au 10 novembre.

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