L'ironie, acte de confiance en l'autre sur les réseaux: il comprendra ce que l'on sous-entend. © belga image

L’ironie a-t-elle perdu son pouvoir subversif?

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’ironie, déjà présente dans les médias classiques, a été renforcée par l’essor d’Internet à partir des années 2000. Mais à force d’être utilisée, n’a-t-elle pas perdu son pouvoir de subversion?

Docteure en littérature comparée, Alexandra Profizi pose la question dans Le temps de l’ironie. Comment Internet a réinventé l’authenticité (L’Aube, 202 p.), un essai qu’elle décrit comme « une brève réflexion sur l’ambivalence à laquelle nous sommes confrontés chaque jour sur Internet ».

Ainsi, l’ironie a été longtemps considérée comme un avatar de la coolitude, à savoir un « moyen facile de créer un sentiment de connivence et donc d’appartenance à un groupe », mais aussi comme une façon de maintenir une distance émotionnelle. Elle a longtemps « servi d’arme pour dénoncer l’hypocrisie, remettre en question les pouvoirs en place ».

Mais, note l’auteure, « à présent, elle incarne l’ordre établi. Sur Internet comme hors ligne, on en use non pas dans un but subversif, mais simplement pour montrer que l’on maîtrise les codes culturels en vigueur et que l’on peut s’en moquer ».

Dès lors, l’ironie qui, auparavant, servait un doute rationnel est aujourd’hui perçue comme un signe d’insincérité. Et ce serait désormais « l’honnêteté des sentiments que l’on appelle de ses voeux pour se montrer à contre-courant ». Un progrès? Et si la recherche d’authenticité et une saine ironie parvenaient à cohabiter?

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