Boris Johnson. © Reuters

Jour de consécration pour Boris Johnson qui rencontre la reine et devient Premier ministre

Le Vif

D’abord Buckingham Palace, ensuite Downing Street: c’est le jour de la consécration pour Boris Johnson à qui la Première ministre conservatrice Theresa May passe mercredi le relais du pouvoir…et du Brexit.

Après une victoire aux allures de raz-de-marée mardi face à son rival le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt, Boris Johnson, 55 ans, va devenir mercredi le 14ème chef du gouvernement de Sa Majesté Elizabeth II.

Theresa May, contrainte au départ pour n’avoir su convaincre les députés de valider son accord de Brexit conclu en novembre avec l’UE, a passé une dernière nuit à Downing Street. A la mi-journée, elle participera comme chaque semaine à une session de questions au Parlement, sa dernière.

Puis elle fera une courte allocution devant le 10 Downing Street, là même où elle avait annoncé sa démission le 24 mai confiant, des sanglots dans la voix, son « profond regret » d’avoir échoué à mettre en oeuvre le Brexit pour lequel ont voté 52% des Britanniques lors du référendum de juin 2016.

Theresa May se rendra ensuite au palais de Buckingham où elle présentera officiellement sa démission à la reine Elizabeth II. Quittant Downing Street par la petite porte, avec un maigre bilan à son actif, elle retournera sur les bancs des députés d’où elle « soutiendra pleinement » son successeur, a-t-elle promis.

Boris Johnson sera ensuite reçu par la souveraine, qui doit le charger de former un nouveau gouvernement.

Après cette entrevue, le nouveau locataire de Downing Street doit faire un discours, et dévoiler la composition de son équipe.

Inquiétudes

Certains ministres de Theresa May n’ont pas attendu d’être remerciés pour faire leurs valises: celui des Finances Philip Hammond, celui de la Justice David Gauke ou encore celui du Développement International Rory Stewart, trois europhiles, ne se voyaient pas servir sous les ordres de Boris Johnson, qui est prêt à une sortie sans accord de l’UE.

Aussitôt annoncée sa victoire avec 66,4% des voix des membres du Parti conservateur, l’ancien maire de Londres et ancien ministre des Affaires étrangères de Theresa May a répété son objectif: « Nous allons mettre en oeuvre le Brexit le 31 octobre », date butoir fixée après deux reports. « Nous allons tirer avantage de toutes les opportunités que cela apportera dans un nouvel esprit positif », a ajouté celui qui milita avec passion pour la sortie de l’UE, continuant d’afficher son optimisme comme étendard.

Mais sa volonté de sortir coûte que coûte à cette date, même sans accord avec l’UE, inquiète les europhiles et les milieux d’affaires qui le pressent de renoncer à ce scénario potentiellement très dommageable pour l’économie britannique.

Le négociateur de l’UE, Michel Barnier a expliqué mardi que les dirigeants de l’UE étaient prêts à revoir la déclaration politique, qui pose les bases de la future relation entre le Royaume-Uni et l’UE après le Brexit, mais ne renégocieraient pas l’Accord de retrait, laborieusement conclu, qui fixe les conditions du divorce.

Tandis que chaque partie semble camper sur ses positions, le temps presse, avec le début des vacances parlementaires britanniques jeudi soir. Les députés ne siègeront de nouveau que début septembre.

Dans ce contexte plus qu’incertain, « les entreprises ont besoin de savoir concrètement ce que votre gouvernement va faire pour éviter un Brexit désordonné le 31 octobre, source de perturbations pour la population et le commerce », a déclaré mardi le directeur général des Chambres de commerce britanniques, Adam Marshall, à l’adresse de M. Johnson.

De son côté, contestant la légitimité de Boris Johnson, élu par les seuls militants conservateurs, Jeremy Corbyn, chef du Labour, principal parti d’opposition, réclame l’organisation d’élections législatives et appelle à une manifestation en ce sens jeudi soir.

Outre les inquiétudes liées au Brexit, Boris Johnson aura pour mission d’apaiser les craintes liés à l’escalade des tensions dans le Golfe. Les relations entre Londres et Téhéran sont en effet particulièrement tendues après l’arraisonnement vendredi par l’Iran d’un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz.

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