John Bercow © AFP

John Bercow, « speaker » du Parlement britannique et personnage clé des débats Brexit

Le Vif

Président de la Chambre des Communes, John Bercow se fait fort de défendre les droits des députés et contrecarre parfois la stratégie du gouvernement dans le débat brûlant sur le Brexit, ce qui ne manque par d’irriter l’exécutif.

Selon une source gouvernementale, certains ministres ont déjà exprimé en privé leur mécontentement sur sa manière de mener les débats. Et mardi Andrea Leadsom, ministre des Relations avec le Parlement, est sortie de sa réserve en insinuant qu’il avait un positionnement partiale.

« Il a exprimé publiquement son avis sur le Brexit, et le problème, c’est que l’impartialité du président de la Chambre est absolument essentielle », a-t-elle soutenu sur la BBC.

Cette déclaration survient au lendemain des critiques exprimées par John Bercow contre la décision de Theresa May qui, craignant une défaite humiliante, a choisi de reporter le vote des députés sur l’accord de Brexit conclu avec les 27 autres pays membres de l’UE.

Il a estimé que cette manoeuvre était « profondément discourtoise », et a suggéré qu’il serait « respectueux » que le gouvernement soumette la décision du report à un vote des députés. Sa proposition a rapidement été rejetée par l’exécutif.

Bercow a ensuite autorisé les députés de l’opposition à tenir un débat d’urgence mardi au cours duquel ils ont exprimé leur colère à l’encontre de la manoeuvre gouvernementale.

« Il a toujours eu tendance à se montrer interventionniste quand il s’agit du Brexit. Et dans ce cas, il rend la vie aussi inconfortable que possible au gouvernement », commente l’éditorialiste Isabel Hardman dans le magazine The Spectator.

Début décembre, il avait déjà autorisé l’opposition à faire valoir ses arguments contre le refus du gouvernement de publier un avis juridique officiel sur le Brexit dans sa version intégrale, aboutissant au vote exceptionnel d’un « outrage au Parlement ».

– Opposition à Trump –

Député tory avant d’accéder à la fonction non partisane de « speaker » de la Chambre des Communes il y a neuf ans, John Bercow a été une épine dans le pied des gouvernements conservateurs successifs. David Cameron, le prédécesseur de Theresa May, avait même tenté de l’évincer, en vain.

Car sous sa robe de soie noire, c’est à lui que revient le privilège de diriger les débats: il décide quel député peut prendre la parole, à quel moment, et sur quel sujet.

Avant de susciter des critiques pour sa gestion des échanges sur le Brexit, il s’était attiré des reproches des bancs conservateurs pour s’être positionné l’an dernier contre une prise de parole de Donald Trump au parlement lors de la visite du président américain au Royaume-Uni.

« Ma femme ne m’appartient pas »

Né en 1963, John Bercow a grandi dans le nord de Londres. Son père était chauffeur de taxi.

Il a commencé à s’engager en politique à l’université. Il est devenu conseiller municipal du quartier londonien de Lambeth à 23 ans, puis député de Buckingham, au nord-ouest de la capitale, en 1997.

C’est en 2009 qu’il a été élu président de la Chambre des Communes, promettant de rompre avec les pratiques de son prédécesseur impliqué dans un scandale de notes de frais et contraint de démissionner.

Plus jeune titulaire de cette prestigieuse fonction, à 46 ans, John Bercow s’est employé à la dépoussiérer, abandonnant certains éléments de la tenue traditionnelle. En juin 2017, il a également permis aux députés de siéger sans cravate.

Peu de temps après son élection, il provoquait déjà une polémique en réclamant des milliers de livres pour rénover son appartement de fonction du parlement, pour y accueillir ses trois enfants.

Son épouse, Sally Bercow, a elle aussi fait les gros titres de la presse britannique, pour des raisons souvent éloignées de la politique: elle a notamment posé seulement vêtue d’un drap blanc pour un magazine, participé à un programme de télé-réalité, et entretenu une relation avec le cousin de son mari.

Surtout, elle s’est présentée en 2010 à une élection locale sous l’étiquette du Parti travailliste, le principal adversaire politique de la formation de John Bercow. Ce dernier avait néanmoins défendu son épouse. « Ma femme ne m’appartient pas, c’est seulement ma femme », avait-il dit.

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