Caroline de Gruyter © .

« Je ne serais pas surprise qu’une femme soit désignée présidente de la Commission européenne »

Spécialiste néerlandaise de l’Europe, Caroline de Gruyter revient sur les élections européennes : « le Parlement européen devient plus puissant »

Pour Caroline de Gruyter, « l’européanisation de la politique » représente la principale tendance des élections du Parlement européen. « Techniquement, les élections européennes restent un prolongement des élections nationales : les listes sont nationales, tout comme les candidats, les dates du vote sont fixées au niveau national. Et en France, les élections tournaient autour du président Emmanuel Macron, alors que pour les Britanniques, une nouvelle fois, les élections étaient centrées sur le Brexit. Mais on voit tout de même que l’Europe gagne en importance dans le débat. »

Pourquoi le débat est-il devenu plus européen ?

Caroline De Gruyter: Parce que les thèmes ont pris de l’ampleur. Les gens se rendent de plus en plus compte qu’un pays ne peut plus résoudre seul les grands problèmes – pensez à la lutte contre la pauvreté ou au climat. Nous devons trouver des solutions communes à ces problèmes. Pour un certain nombre de personnes, « Europe » signifie à nouveau « espoir ». En outre, le Parlement européen acquiert de plus en plus de pouvoir, ce qui est un signe de démocratisation accrue. Dans le passé, les gouvernements opéraient parfois au niveau européen, pensez à la crise de l’euro, la crise bancaire et la crise migratoire. À l’époque, il n’y avait pratiquement aucun contrôle démocratique à ce sujet. On pourrait alors parler d’un déficit démocratique. Plus vous impliquez le Parlement européen, plus vous avez du contrepoids.

Comment résumez-vous les résultats des élections européennes ?

L’époque où les chrétiens-démocrates et les socialistes se débrouillaient entre eux pour tout est révolue. L’un des problèmes de l’Europe était certainement que le Parlement européen était dominé par eux. Cette domination engendrait beaucoup de frustration, notamment auprès des écologistes et les libéraux. Aujourd’hui, cette période est derrière nous. Les écologistes ont beaucoup plus de sièges. Il faudra en tenir compte.

L’extrême droite aussi a gagné.

Beaucoup de gens trouvent cela effrayant, mais cela fait partie d’une démocratie active. Les partis d’extrême droite sont désormais autorisés à entrer sur la scène européenne, laissant le jeu politique tout entier ouvert. La prévisibilité a disparu. Il y aura probablement beaucoup plus de place pour de bons débats. On pourrait dire que l’Europe va ressembler un peu plus à une démocratie adulte.

Qui sera président de la Commission et qui sera Président du Conseil de l’Europe ?

Beaucoup de noms circulent, mais le passé m’apprend que c’est imprévisible. Je ne serais pas surpris s’ils désignaient une femme. Pour le poste de président de la Commission, je pense à la commissaire européenne Margrethe Vestager, à Christine Lagarde, directrice du FMI, et à Kristalina Georgieva, présidente intérimaire de la Banque mondiale. En outre, il y a sans aucun doute encore une douzaine de candidates inconnues, à qui nous ne pensons pas pour l’instant.

Qu’en est-il de Guy Verhofstadt, tête de liste Open VLD pour les élections européennes et dévoré d’ambition?

Verhofstadt est bien trop polarisant. Même dans son propre groupe ALDE, la moitié des membres ne veulent pas qu’il décroche un haut poste.

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