"Quel prêtre oserait encore citer la parole de Jésus : "Laissez venir à moi les petits enfants" ? Il susciterait des ricanements ou de la colère. Le poison du soupçon est là." © Jan Boeve/belgaimage

France: avec la condamnation de Barbarin, « les temps ont changé » pour l’Eglise

Le Vif

La condamnation du cardinal français Philippe Barbarin pour non-dénonciation d’agressions sexuelles est un « signal fort » qui indique que « les temps ont changé » pour l’Eglise, estime l’un des plaignants, François Devaux, cofondateur de l’association de victimes « La Parole libérée ».

Que signifie pour vous la condamnation de Philippe Barbarin à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuels d’un prêtre de son diocèse?

Que nul n’est au-dessus des lois. Il n’y a pas de triomphalisme, ce serait mal placé, mais je crois qu’on peut tous s’en satisfaire. C’est l’aboutissement d’un long parcours, pour qu’émerge une prise de conscience globale sur le rapport au pouvoir, la place de la religion dans notre société, l’importance de la protection de l’enfance.

Pour tout le monde, tous ceux qu’on a entraînés avec nous, avocats, journalistes, écrivains, cinéastes, ça a été très invasif, très lourd dans nos vies depuis quatre ans. L’appel (annoncé par l’avocat de Mgr Barbarin), la « guéguerre » de droit, ne m’intéresse pas, on est au-dessus de ça. Mais on a mis le bras dans un engrenage, cette victoire nous invite à aller beaucoup plus loin avec « La Parole libérée ». Il est évident que cette décision va considérablement inciter les gens à prendre la parole.

Peut-on parler d’une nouvelle ère pour l’Eglise après cette condamnation?

Les temps ont changé, indéniablement. C’est un signal, un message fort envoyé à l’Eglise de France et du monde, et au pape François de toute évidence. Peut-être que ça va les aider un peu à repositionner leur dimension un peu sacrée et les faire réaliser qu’ici on est sur terre. Il y a des choses qui sont acceptables et d’autres qui ne le sont pas. Je crois que c’était nécessaire.

Le cardinal a annoncé qu’il allait remettre sa démission au pape. Que cela signifie-t-il pour vous?

Il était temps. Fallait-il aller aussi loin pour prendre une telle décision ? Ca arrive trop tard pour l’Eglise. Nous, on n’a pas bougé: ça fait quatre ans qu’on dit la même chose et que personne ne voulait entendre. La décision aurait dû être prise depuis très longtemps. C’est le pape qui aurait dû prendre cette décision.

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