Boris Johnson © Getty

Englué dans le « partygate », Boris Johnson lutte pour sa survie politique

Le Vif

Visé par des appels à la démission au sein même de sa majorité, Boris Johnson bataille jeudi pour son maintien comme Premier ministre en Grande-Bretagne après son mea culpa pour sa présence à une fête à Downing Street en plein confinement en 2020.

Déjà accablé par une série de scandales, le dirigeant conservateur âgé de 57 ans a présenté ses excuses mercredi au Parlement pour avoir participé à une fête le 20 mai 2020 dans les jardins de sa résidence officielle, affirmant penser alors qu’il s’agissait d’une réunion de travail.

L’événement, pour lequel une invitation avait été envoyée par son secrétaire particulier à une centaine de personnes avec la suggestion d’amener leurs bouteilles, a eu lieu à une période traumatisante pour les Britanniques. En pleine première vague de Covid-19, seules deux personnes étaient autorisées à se retrouver à l’extérieur et nombre de Britanniques n’ont pas pu dire adieu à leurs proches mourants.

Immédiatement, les partis de l’opposition, les travaillistes en tête qui l’ont accusé de mensonge, ont réclamé sa démission, tandis que les membres de son gouvernement lui ont dans leur majorité apporté leur soutien, sur Twitter ou dans les médias.

Le sujet ne fait toutefois pas l’unanimité dans les rangs conservateurs, qui louaient jusqu’à récemment la capacité du dirigeant à séduire, avec sa promesse de réaliser le Brexit, les classes populaires du Nord de l’Angleterre naguère acquises au Labour.

« Mort vivant »

L’appui très timoré que lui a apporté un poids lourd de l’exécutif, le ministre des Finances Rishi Sunak, perçu comme un potentiel candidat au poste de Premier ministre, était ainsi largement commenté jeudi.

En déplacement dans le Devon (sud-ouest de l’Angleterre) alors que le dirigeant affrontait les foudres des députés, M. Sunak a mis huit heures à se ranger derrière Boris Johnson, dans un tweet où il insiste sur son propre engagement pour l’emploi au Royaume-Uni.

« Le Premier ministre a bien fait de s’excuser et je soutiens sa demande de faire preuve de patience » en attendant les résultats de l’enquête interne menée par la haute fonctionnaire Sue Gray, a-t-il sobrement déclaré.

Dans les cercles politiques, certains vont jusqu’à comparer ce soutien distant à la décision de John Major de ne pas se rallier à la Première ministre Margaret Thatcher, à laquelle il a succédé, dans la course au leadership du parti quand elle était sur la sellette en 1990.

Attendues au mieux la semaine prochaine, à moins que la police ne s’empare à son tour du dossier, les conclusions de cette enquête interne s’annoncent désormais déterminantes pour le destin de Boris Johnson.

Signe des fissures qui lézardent l’unité du parti, la révolte gronde aussi chez les conservateurs écossais, qui jugent sa position intenable, et des députés tories à Westminster.

Comme Roger Gale, pour qui Boris Johnson est un « mort vivant », certains élus se sont ouvertement dits favorables à un vote de défiance au sein du Parti conservateur afin de pousser le dirigeant vers la sortie.

« La position du Premier ministre est intenable et je pense qu’on ne doit pas laisser les conclusions d’une fonctionnaire déterminer l’avenir du Premier ministre », a abondé un autre député, William Wragg, vice-président du puissant « comité 1922 », responsable de l’organisation parlementaire de la formation. « Il revient au Parti conservateur, si ce n’est au Premier ministre lui-même, de prendre cette décision », a-t-il ajouté sur la BBC.

Ce scandale vient s’ajouter à d’autres révélations sur des fêtes organisées dans les cercles du pouvoir lors des confinements des deux dernières années, ainsi qu’à des accusations de corruption et de favoritisme.

Boris Johnson, arrivé triomphalement au pouvoir en juillet 2019, a depuis vu sa popularité longtemps inoxydable dégringoler dans les sondages. Un sondage réalisé par YouGov pour le Times avant ses excuses donne au Labour une large avance de dix points, une première en près d’une décennie.

Jeudi, le dirigeant échappera aux regards des caméras et aux questions des médias: cas contact Covid, il a annulé une visite prévue dans un centre de vaccination.

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