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Des élections décisives pour l’économie britannique

Le Vif

Sortir de l’UE avec les conservateurs ou prendre un virage très à gauche avec les travaillistes: les élections législatives seront décisives pour l’économie britannique perdue dans le brouillard du Brexit et fragilisée par une décennie d’austérité.

De l’avis de nombreux analystes, il s’agit du scénario le plus favorable à court terme pour l’activité économique, pour peu que Boris Johnson obtienne une large majorité lui permettant de valider facilement le Brexit et de sortir de l’UE fin janvier comme il l’a promis.

Un tel scénario « augmenterait la confiance des entreprises et conduirait à un rapide rebond de l’investissement et de la croissance », estime Thomas Pugh, économiste chez Capital Economics.

L’effet positif proviendrait donc davantage d’un éclaircissement de l’horizon du Brexit à court terme, après trois ans d’incertitudes qui ont plombé l’économie, aujourd’hui atone.

Reste à voir les conséquences sur le plus long terme du programme des conservateurs, qui ont promis d’en finir avec l’austérité avec un vaste plan d’investissement dans les infrastructures et les services publics, comme l’école, la santé et la police, tournant le dos à leurs propres règles d’orthodoxie budgétaire au risque de faire s’envoler la dette.

En revanche, Boris Johnson pourrait avoir des réticences à valider les coûteux projets de ligne de train à grande vitesse HS2 et d’agrandissement de l’aéroport d’Heathrow, deux projets soutenus par les milieux d’affaires.

Le parti du Premier ministre s’est fait par ailleurs plus prudent sur les taxes, renonçant à une baisse d’impôt sur les sociétés prévue l’an prochain afin de financer le système de santé NHS. Il a néanmoins promis de relever le seuil à partir duquel les salariés contribuent au régime de sécurité sociale pour financer différentes aides.

Un parlement sans majorité

Ce « serait probablement le scénario le pire pour l’économie à court terme », prévient M. Pugh, principalement parce que le risque d’un Brexit sans accord fin janvier reviendrait hanter les milieux d’affaires et les marchés – et pèserait probablement sur la livre sterling – si les partis ne peuvent pas s’entendre d’ici là.

En cas d’échec des négociations entre les leaders politiques, de nouvelles élections pourraient être organisées avec leur lot d’incertitudes et des débats qui promettent d’être animés sur la nécessité de reporter une nouvelle fois la date du Brexit, prolongeant l’incertitude qui plombe l’activité depuis le référendum du Brexit il y a trois ans et demi.

Le pays risque en outre la paralysie budgétaire à un moment où l’économie britannique est vulnérable: le Royaume-Uni a échappé à la récession en 2019 mais la croissance était à zéro en octobre et les prévisions des économistes restent prudentes pour 2020.

Sans compter un affaiblissement de la livre, qui a pour effet de renchérir le coût des biens importés et de nourrir l’inflation.

Une coalition menée par le Labour

Il est difficile à ce stade, selon les sondages, d’envisager une majorité du parti travailliste. Mais il pourrait gouverner s’il parvenait à s’entendre par exemple avec les indépendantistes écossais du SNP.

Une arrivée au pouvoir du très à gauche Jeremy Corbyn fait frémir la City et les marchés.

Les travaillistes, très ambigus sur le Brexit jusque-là, ont promis d’organiser un second référendum, ce qui pourrait entretenir l’incertitude pour encore de longs mois.

Mais in fine, le spectre d’un divorce sans concession avec l’EU s’éloignant, l’économie pourrait en profiter, surtout que la majorité des entreprises se sont prononcées contre le Brexit.

En revanche, plusieurs mesures clé du programme travailliste auront un impact difficile à quantifier à court terme, même si certaines des plus radicales pourraient être révisées en cas de coalition.

Le Labour a promis une hausse massive des dépenses publiques, ce qui devrait donner un coup de pouce à l’économie … avec un risque de dérapage des finances publiques.

Mais un programme ambitieux de nationalisations portant sur l’eau, l’électricité, le réseau des télécoms et la poste, ou encore des mesures de redistribution des riches vers les plus pauvres font davantage débat et pourraient « nuire à la confiance des entreprises et à l’investissement », prévient M. Pugh.

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