Crise gouvernementale en Italie: les différents scénarios

Le Vif

Après le récent torpillage de la coalition populiste au pouvoir par Matteo Salvini, chef de La Ligue (extrême droite) et ministre de l’Intérieur, tous les scénarios sont possibles au cours d’une semaine décisive.

Les rendez-vous de mardi

Les chefs des groupes politiques du Sénat se retrouvent à 14H30 (12H30 GMT) pour décider d’éventuelles motions (y compris de censure) à soumettre au vote.

Une demi-heure plus tard, le chef du gouvernement Giuseppe Conte fera une déclaration sur la crise politique italienne devant le Sénat.

Matteo Salvini pourrait déposer une motion de censure à l’encontre de Giuseppe Conte, même si la démarche a peu de chances de l’emporter numériquement au Sénat.

Après ou avant cette possible motion, Giuseppe Conte devrait se rendre auprès du président italien Sergio Mattarella, l’arbitre des crises politiques en Italie.

Scénario le plus probable: changement

Giuseppe Conte propose sa démission au président. Cela mettrait fin au 65e gouvernement de la République italienne et ouvrirait la voie à plusieurs jours de consultations pour former un nouveau gouvernement.

Comme tout va dépendre des négociations ardues toujours en cours entre différentes formations politiques italiennes, rien n’est gravé dans le marbre.

Des pourparlers entre le Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-système) au pouvoir et le Parti démocrate (PD, centre-gauche) pourraient déboucher sur un nouveau gouvernement écartant La Ligue de M. Salvini.

Cette voie a été proposée par l’ex-Premier ministre Matteo Renzi, actuellement sénateur du PD. M. Salvini a répliqué en menaçant d’appeler à des manifestations dans le pays.

Le mariage compliqué PD-M5S est cependant loin d’être acté et nécessite encore des conciliabules. Giuseppe Conte pourrait donc jouer les prolongations à la tête d’un gouvernement remanié sans la Ligue, au moins pour voter jeudi une réforme promise par le M5S pour tailler le nombre de parlementaires, voire pour préparer le projet de loi de finances dû en octobre.

Scénario de rechange: réconciliation

Si cette alliance inattendue devait échouer, une réconciliation entre les deux partenaires gouvernementaux, M5S et La Ligue, n’est pas totalement exclue, même si elle semble très improbable, le fondateur du M5S Beppe Grillo ayant qualifié Matteo Salvini de « traître pas crédible ». Giuseppe Conte ne serait alors plus forcément démissionnaire et le gouvernement subirait seulement un remaniement sans tomber.

Dans ce dernier cas de figure, M. Conte se rendrait mercredi à la Chambre des députés pour s’exprimer. Et le lendemain, une réforme poussée par le M5S pour réduire substantiellement le nombre de parlementaires (de 345 sièges pour le ramener à environ 600) serait mise au vote, retardant en cas d’adoption d’au moins six mois de nouvelles élections législatives.

Scénario « Ursula »: grande coalition pro-européenne

Romano Prodi, ancien chef du gouvernement et ex-président de la Commission européenne, a proposé de former une « coalition pro-européenne » qui pourrait unir le PD, M5S et Forza Italia, le parti de centre-droit de l’ex-Premier ministre Silvio Berlusconi, pour permettre une « réinsertion de l’Italie comme membre actif de l’Union européenne ».

Il a baptisé gouvernement « Ursula » cet exécutif similaire aux grandes coalitions à l’allemande, en référence à la nouvelle présidente allemande de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

– Scénario de la discorde: élections rapides –

Le président Sergio Mattarella est chargé de vérifier la viabilité d’une nouvelle coalition gouvernementale qui lui sera présentée. S’il juge qu’aucune majorité solide n’existe pour gouverner, il pourrait décider de convoquer rapidement de nouvelles élections législatives.

Ce qui reviendrait à concrétiser l’objectif initial de Matteo Salvini lorsqu’il a fait voler en éclats le 8 août sa coalition formée avec M5S.

Il rêve en effet de devenir chef du gouvernement italien, avec l’aide de Fratelli d’Italia (petit parti d’extrême droite) et Forza Italia.

Les échéances de Bruxelles qui compliquent la donne

Deux échéances viennent compliquer la donne. Lundi, l’Italie doit donner une première indication à la Commission européenne pour le poste de commissaire qui lui revient. Le 15 octobre, l’Italie doit envoyer son projet de loi de finances à Bruxelles, dont une première ébauche doit être présentée aux instances européennes d’ici la fin septembre.

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