David Sassoli est à l'hôpital depuis le 26 décembre 2021. © Getty

Coronavirus : plus de 1000 collaborateurs européens sur le point de déménager de Bruxelles à Strasbourg ?

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

Foodtrucs, service d’étage, interdiction de se rendre au restaurant … Les autorités françaises mettent tout en oeuvre pour que la session plénière du Parlement européen à Strasbourg ait lieu. Coronavirus ou pas, the show must go on…

De quoi s’agit-il? En mars, pour des raisons de sécurité, le Parlement européen a décidé de suspendre le mouvement mensuel vers la ville française de Strasbourg jusqu’en septembre. Au lieu de cela, les sessions plénières ont été organisées à Bruxelles avec une occupation physique plus réduite et par liaison vidéo. Mais maintenant que les vacances d’été touchent à leur fin, le moteur européen recommence à tourner. Y compris le déplacement vers Strasbourg. Selon le planning actuel, plus de 1000 députés, assistants, représentants nationaux et journalistes vont quitter Bruxelles pour la ville frontalière française la semaine du 14 septembre.

Cependant, sur la carte du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), le département de Strasbourg se teinte en orange. Selon les derniers chiffres fournis par les autorités françaises, le nombre d’infections dans le département du Bas-Rhin augmente rapidement. Début août, le nombre moyen hebdomadaire d’infections confirmées pour 100 000 habitants était de 6,45. Il y a plus d’une semaine et demie, ce nombre avait presque quintuplé pour atteindre une moyenne de 31 cas. Pour l’instant, la fin de cette hausse n’est pas en vue.

À cela s’ajoute que la semaine d’une session plénière en France, il y a beaucoup de mouvements entre Strasbourg et la capitale française, Paris. La situation épidémiologique est actuellement très préoccupante. Dans la semaine du 24 août, il y a eu plus de 114 infections confirmées pour 100 000 habitants. À Bruxelles, la situation est loin d’être idéale non plus, avec 65,2 infections confirmées pour 100 000 habitants la semaine dernière.

Une caravane de plus de 1000 personnes qui se déplace d’une zone rouge à une zone orange et entrent en contact avec des personnes d’une autre zone rouge, pour la virologue et membre de Celeval Erika Vlieghe, c’est un cocktail dangereux. « Les grands mouvements ne sont jamais intéressants. Le Parlement européen doit réfléchir attentivement à l’opportunité de cette mesure pour le moment », déclare-t-elle à Knack. Néanmoins, il semble que la séance en France va se poursuivre. « C’est inscrit dans notre agenda », dit-on dans le cabinet d’un des chefs de groupe. « Nous devons juste réserver nos hôtels.

Le gouvernement belge demande à tous ceux qui reviennent d’une zone orange de se mettre en quarantaine et de se faire tester. Mais pour le personnel de l’Union européenne, les diplomates et le personnel des organisations internationales, une exception est prévue pour des raisons professionnelles. Cependant, les mesures de lutte contre le coronavirus de l’Union européenne sont encore plus strictes que celles de la Belgique. Toute personne séjournant dans une zone orange est obligée de passer deux semaines en quarantaine. Ces règles placent le Parlement européen devant un dilemme difficile : soit il doit assouplir ses propres règles, soit il doit annuler le déménagement en France.

Au niveau politique, cette dernière ne peut être prise que par décision de la Conférence des présidents des groupes politiques. Cependant, le Parlement européen est divisé sur la question, en partie à cause des différences entre les règles des délégations nationales. Le président des Verts européens, Philippe Lamberts (Ecolo), ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je ne comprends pas du tout pourquoi on en parle. La députée européenne Kathleen Van Brempt (SP.A) espère que le Parlement européen pourra bientôt se remettre pleinement au travail, « mais il est préférable de le faire à Bruxelles ». Hilde Vautmans (Open VLD) partage son avis.

Le gouvernement français, qui accorde beaucoup d’importance à la séance mensuelle à Strasbourg, tient à ce que tout se passe bien. « Si vous ne le faites pas maintenant, il tombera probablement à l’eau dans les mois à venir », disent-ils. Selon les plans actuels, les députés et leur personnel ne sont pas autorisés à se rendre au restaurant. C’est pourquoi des foodtrucks seront installés et il y aura un roomservice dans les bureaux. Les autorités vérifient également si les hôtels disponibles respectent suffisamment les mesures corona.

Les présidents des groupes politiques se réuniront jeudi prochain pour prendre une décision. S’ils décident d’annuler le déménagement, c’est contre les traités européens. Dans ce cas, la France peut en principe s’adresser à la Cour de justice européenne pour soulever la question. Cependant, il semble peu probable que le président français Emmanuel Macron, qui a fait de l’Union européenne un thème électoral important, engage la confrontation.

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