© AFP

Coronavirus : après l’Italie, l’inquiétante propagation en Espagne

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La pandémie de coronavirus touche la Belgique, l’Italie, la France… mais aussi l’Espagne. La progression du virus dans ce pays suit d’ailleurs une courbe préoccupante.

Le coronavirus a fait jusqu’à présent 1002 morts en Espagne, avec une impressionnante progression de près de 30% lors des dernières 24h. Le nombre de personnes contaminées a lui progressé de 25% depuis hier, dépassant les 17.000 cas. Une évolution rapide, qui pourrait encore augmenter de façon importante dans les prochains jours, au fur et à mesure que les tests sont multipliés.

Un scénario « à l’italienne » ?

Si les regards sont actuellement tournés vers l’Italie, premier foyer en Europe, l’Espagne est à ce jour le quatrième pays le plus touché dans le monde, juste derrière l’Iran. Ce sont les personnes âgées qui sont les plus touchées. Selon des statistiques partielles, 33% des malades enregistrés ont plus de 65 ans et 18% plus de 75 ans.

Si l’on compare l’évolution du nombre de décès liés au coronavirus avec d’autres pays européens, on constate que la courbe espagnole se situe au-dessus de l’Italie. Pour le même nombre de jours de présence du coronavirus sur le territoire, l’Espagne a des chiffres absolus plus élevés que l’Italie et la France. Pourtant, le pays compte bien moins d’habitants que ses voisins.

Si on se penche sur le nombre de cas diagnostiqués, la trajectoire de l’Espagne se situe également au-dessus de celle de l’Italie, comme on peut le constater sur ce graphique réalisé par un site espagnol spécialisé dans les data.

.
.© Capture d’écran

Madrid, important foyer épidémique

La région de Madrid est de loin la plus touchée. Elle comptait jeudi 65% des décès dans tout le pays et 40% des cas détectés.

Les maisons de retraites de Madrid sont particulièrement concernées. Une série de décès dans les résidences pour personnes âgées a fait la Une des JT. Dès mardi, aux portes du centre Monte Hermoso à Madrid, des proches des résidents avaient affirmé à la presse qu’au moins 70 des 130 résidents avaient été contaminés et confinés. Le journal El Pais avait obtenu auprès de l’entreprise un bilan d’au moins 19 morts. Le parquet de la province de Madrid annonce avoir ouvert une enquête pénale à la suite d’une plainte déposée par une association de défenseurs des patients. Dans une lettre, la présidente de cette association a dénoncé « le manque extrême de sécurité, de propreté, de personnel et de moyens » dans l’établissement.

Coronavirus : après l'Italie, l'inquiétante propagation en Espagne
© AFP

Le directeur du Centre de coordination des urgences sanitaires a par ailleurs reconnu qu’il y avait eu « un impact important » de l’épidémie dans les maisons de retraite, où les personnes font partie des plus à risque.

Coup de pouce hôtelier face à la pression des hôpitaux

Pour répondre à la pression subie par les hôpitaux, surtout à Madrid, les hôtels se mobilisent. Un premier hôtel de Madrid a été transformé en structure médicalisée, afin de traiter les cas les moins graves de coronavirus, ne requérant pas d’hospitalisation. Cela permet de libérer des chambres dans les hôpitaux de la région. Un autre hôtel quatre étoiles de la ville doit également être médicalisé à partir de vendredi.

Au total, l’association hôtelière de la capitale espagnole a annoncé avoir mis à disposition 9.000 lits dans plus de 40 hôtels pour assister des patients. « La principale fonction de ces hôtels sera d’accueillir des patients qui présentent des symptômes et doivent être suivis médicalement, mais sans nécessité d’être hospitalisés, tant au début de la maladie que dans sa phase finale ». Dans ces hôtels, les équipes médicales seront formées de licenciés en médecine n’ayant pas encore le diplôme d’études spécialisées.

Confinement et état d’alerte

Afin de freiner la propagation du virus, l’Espagne a décrété l’état d’alerte et s’est mise à l’isolement dès samedi dernier. Les Espagnols n’ont le droit de sortir de chez eux -seuls- que pour des raisons impératives comme aller travailler (si le télétravail est impossible), se rendre à la pharmacie, se faire soigner ou acheter à manger. Le pays est à l’arrêt, tous les commerces non-essentiels étant fermés, tout comme les écoles, les administrations, les musées…

Coronavirus : après l'Italie, l'inquiétante propagation en Espagne
© AFP

Le ministre des Transports José Luis Abalos a prévenu que l’état d’alerte, décrété initialement pour deux semaines, serait sûrement prolongé : « Nous ne sommes pas en capacité de gagner cette bataille en 15 jours. »

Le directeur des opérations de la police nationale a appelé la population à respecter les restrictions de mouvement, et a annoncé que 48 personnes avaient été interpelées au cours des dernières 24h pour les avoir violées. Les frontières avec la France et le Portugal sont fermées en collaboration avec ces deux voisins, et l’entrée en Espagne a été refusée à 996 personnes. Des militaires ont également été déployés en renfort dans 14 villes pour aider au nettoyage ou à faire respecter les restrictions de circulation. (avec AFP)

Une Belge à Madrid : « Ici, les gens prennent les mesures beaucoup plus au sérieux qu’en Belgique »

« Ici à Madrid les habitants respectent vraiment le confinement », nous raconte Valentine, 29 ans, employée dans une entreprise américaine de la capitale espagnole et confinée avec son ami.

Si le samedi 14 mars, l’Espagne est entrée en confinement général, cela fait déjà une dizaine de jours que Valentine et son ami pratiquent le télétravail. Des mesures de précautions qui n’arrivent pas trop tôt quand on sait que le coronavirus a déjà tué plus de mille personnes dans le pays.

Dans la capitale espagnole, témoigne-t-elle, les rues sont vides. Interdits de sortie, les gens ne quittent leur domicile que pour le strict minimum, et pas tous les jours, loin de là. « Le message du gouvernement était très clair », affirme Valentine.

Les magasins restent relativement bien approvisionnés, même si certains aliments, tels que la viande, sont plus difficiles à trouver. Disciplinés, les clients font la queue en respectant la distanciation sociale.

Tout comme en Italie, et dans plusieurs autres pays européens, la solidarité est grande et à 20 heures, raconte Valentine, absolument tout le monde est à son balcon pour chanter et applaudir le personnel soignant.

CB

Coronavirus: en Europe, des rues vidées de leurs habitants (en images)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire