Donald Tusk

Cinq choses à savoir sur Donald Tusk, nouveau chef de la droite européenne

Le Vif

Le Polonais Donald Tusk (62 ans) doit devenir mercredi le premier Européen de l’Est à diriger la vaste famille des droites de l’UE. Voici cinq choses à savoir sur celui qui a présidé le Conseil européen pendant 5 ans.

Mal aimé du pouvoir en place à Varsovie

Natif de Gdansk, la ville des chantiers navals berceau du syndicat Solidarnosc, ce libéral convaincu a ravi en 2007 le pouvoir au très conservateur Jaroslaw Kaczynski, actuel président du parti Droit et Justice (PiS), qui lui voue depuis une haine tenace. De ses 7 ans au poste de Premier ministre, il a laissé le souvenir d’un homme qui n’a pas cherché à transformer radicalement le pays, mais a bien accompagné son développement, dans une relative stabilité, « garantissant que l’eau chaude coule toujours du robinet ».

Son mandat est également marqué par la catastrophe aérienne de Smolensk, où périt le 10 octobre 2010 le président Lech Kaczynski, frère jumeau de Jaroslaw. Ce dernier a oeuvré en vain pour empêcher sa réélection en 2017 à la présidence du Conseil européen, l’un des postes clé de l’UE.

Un président à temps partiel…

M. Tusk a bénéficié du retrait de la Première ministre Danoise, Helle Thorning-Schmidt, dans la course à la présidence du Conseil européen pour se retrouver à partir de décembre 2014 à la tête de cette instance.

Chef d’orchestre des sommets européens, où il s’est efforcé de préserver l’unité des 27 face au Royaume-Uni lors des négociations épineuses sur le Brexit, il a incarné pendant cinq ans l’un des deux visages de l’Europe avec le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Or, pour ce dernier, le poste de son « ami Donald » était une « fonction à temps partiel », qu’il a même proposé de fusionner avec le sien.

… bien meilleur que prévu

Occupant une « fonction quasiment dépourvue de pouvoir », comme il l’a lui même décrite dans un récent entretien au quotidien belge Le Soir, M. Tusk s’est surtout employé à utiliser « son pouvoir de persuasion et de communication ».

Certaines de ses formules chocs ont marqué, telles celles contre un autre Donald, américain, cette fois: Il n’est « plus besoin d’ennemis quand on a des amis comme Donald Trump ». Ou encore à propos de la sortie du Royaume-Uni de l’UE: il doit exister « une place spéciale en enfer pour ceux qui ont promu le Brexit sans avoir la moindre idée de la façon de le réaliser ».

Roi du tweet

En succédant au Belge Herman Van Rompuy, M. Tusk a dépoussiéré la communication du Conseil européen, utilisant avec un humour certain les réseaux sociaux. En 5 ans, le nombre de followers du compte twitter du président du Conseil est passé de 200.000 à plus de 1,1 million. Parallèlement, le taux d’engagements (retweets, likes) a quadruplé. Twiplomacy a de ce fait classé @eucopresident parmi les dirigeants mondiaux les plus influents sur Twitter en 2018.

Parmi ces coups d’éclats qui ont augmenté sa popularité sur le net: en septembre 2018, M. Tusk a posté sur Instagram une photo où il proposait un assortiment de pâtisseries à la première ministre britannique Theresa May. « Une part de gâteau, peut-être? Désolé, pas de cerises. #Brexit », disait la légende. Une référence à peine voilée à la stratégie que Bruxelles a longuement reproché à Londres d’utiliser dans les négociations du Brexit, à savoir de vouloir sélectionner (« cherry-pick » en anglais, formé à partir de mot cerise), seulement ce qui l’intéressait.

Un nouvel atout pour la droite ?

En nommant M. Tusk à la tête de leur famille, le PPE, largement dominé par les démocrates-chrétiens d’Angela Merkel (même si cette dernière est en perte de vitesse) se muscle, en particulier face à Emmanuel Macron, très présent sur le devant de la scène européenne. Comme la dirigeante allemande, dont il maîtrise la langue, M. Tusk a vécu toute la première partie de son existence dans un pays communiste sous le joug soviétique, d’où une grande méfiance vis-à-vis des Russes.

Dans un discours remarqué le 13 novembre à Bruges, il a ouvertement pris position contre Emmanuel Macron, un « ami qui lui est cher ». En réponse au président français qui souhaite un rapprochement de l’UE avec Moscou, M. Tusk a clairement plaidé pour une position « ferme » vis-à-vis de la Russie. Et sur l’élargissement de l’UE, il a aussi mis en garde Paris: « Il ne saurait y avoir d’Europe souveraine sans Balkans stables, intégrés au reste du continent ».

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