Guy Verhofstadt © REUTERS

Brexit: pour Guy Verhofstadt, l’accord est réglé « à 0% »

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Theresa May annonçait début de semaine devant la Chambre des Communes que l’accord sur le Brexit était  » bouclé à 95% « . Mais pour Guy Verhofstadt, rien ne peut être fait sans un accord sur la frontière irlandaise.

Guy Verhofstadt, coordinateur du Parlement européen pour le dossier du Brexit, rejette les déclarations de la Première ministre britannique Theresa May, qui annonçait lundi devant ses députés que, pour elle, l’accord avec l’UE, ainsi que ses protocoles, étaient « réglés à 95% », relaie The Independent. Elle a cependant admis que la question de la frontière irlandaise restait un des principaux points de frictions. Le négociateur en chef de la Commission européenne Michel Barnier avait déjà auparavant cité des chiffres similaires, suggérant que la plupart des problèmes avaient été résolus.

« Zéro pour cent »

Mais pour Guy Verhofstadt, l’accord de retrait nécessaire pour éviter le scénario du « no deal » est à « 0% conclu » en ce qui concerne les députés européens, et ce tant qu’il n’y a pas de solution au problème de la frontière irlandaise. « Le progrès dans les négociations du Brexit peut être de 90%, 95%, ou même 99%. Mais tant qu’il n’y aura pas de solution pour la frontière irlandaise, tant que l’accord du Vendredi Saint (ndrl : l’accord de la paix en Irlande) ne sera pas pleinement garanti, pour notre Parlement, les progrès seront de zéro pour cent ».

L’ancien Premier ministre belge croit cependant que l’UE et Londres pourront parvenir à un accord sur le départ du Royaume-Uni avant le prochain sommet européen en décembre. « J’espère que des progrès pourront être réalisés dans les semaines à venir » a-t-il déclaré plus tôt cette semaine lors d’une intervention devant des eurodéputés. « Personnellement, je suis toujours d’avis qu’il est possible de trouver un accord (…) car je pense qu’une sortie sans accord n’est dans l’intérêt ni de l’UE, ni du Royaume-Uni ».

La frontière irlandaise, pierre d’achoppement des négociations

Brexit: pour Guy Verhofstadt, l'accord est réglé
© Getty Images/iStockphoto

La question de la frontière irlandaise est un des principaux points de tensions depuis le début des négociations. Le but des négociateurs est d’éviter le rétablissement d’une frontière physique sur l’île d’Irlande, afin de préserver les accords de paix de 1998. Mais ils n’arrivent pas à accorder leurs violons sur la manière d’y parvenir.

L’UE a proposé de maintenir l’Irlande du Nord dans le marché unique et l’union douanière européenne si aucune autre solution n’était trouvée d’ici à décembre 2020, à la fin d’une période de transition. Ce scénario, dit du « backstop » (« filet de sécurité »), est rejeté par Theresa May, qui a exposé un plan alternatif. La Première ministre britannique souhaite qu’un accord douanier liant l’UE à l’ensemble du Royaume-Uni, et pas seulement l’Irlande du Nord, puisse être établi jusqu’à la signature d’un accord de libre-échange plus large.

« Pas au détriment de nos principes »

Le Parlement européen a un droit de veto sur l’accord final sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, rappelle The Independent. Il a, en outre, assuré qu’il ne validerait pas d’accord qui n’empêcherait pas une frontière dure entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. Lors d’un débat à Strasbourg, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a également averti que l’UE « ne précipiterait pas la conclusion d’un accord au détriment de nos principes […] en particulier sur la question de la frontière irlandaise ». Pour l’instant, les responsables européens estiment ne pas avoir les progrès décisifs dont ils ont besoin. « Nous devons maintenant continuer à négocier avec patience, calme et ouverture d’esprit. La Commission et notre négociateur en chef Michel Barnier ont reçu le plein appui de nos dirigeants pour y parvenir », a-t-il déclaré.

Frans Timmermans
Frans Timmermans© Reuters

À cinq mois du divorce avec l’UE, prévu le 29 mars 2019, les deux parties ne sont pas parvenues à s’entendre la semaine passée lors d’un sommet européen, mais ont convenu de poursuivre des discussions intensives. Sauf réunion exceptionnelle en novembre, le prochain grand rendez-vous est le sommet des 13 et 14 décembre à Bruxelles, au cours duquel l’UE et Londres pourraient enfin boucler un accord.

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