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Brexit : l’UE prête à négocier au-delà du 1er janvier

L’UE est prête à négocier un accord post-Brexit avec le Royaume-Uni « jusqu’à la fin de l’année et au-delà » si nécessaire, a affirmé mardi le négociateur européen Michel Barnier, refusant d’avoir les mains liées par une date butoir.

« Notre porte restera ouverte jusqu’à la fin de l’année et au-delà », a-t-il affirmé aux représentants des Etats membres lors d’un point à Bruxelles sur l’état des discussions.

Le Français entend ainsi se prémunir contre la pression du calendrier, quitte à accepter le choc d’un « no deal » à partir du 1er janvier, si un accord n’a pas été trouvé à cette date quand le Royaume-Uni — qui a officiellement quitté l’UE le 31 janvier dernier — abandonnera définitivement le marché unique.

A moins de dix jours de la rupture définitive, l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques reste le principal obstacle dans les négociations, a souligné M. Barnier.

Selon des participants à la réunion, il a affirmé que l’UE avait rejeté une offre des Britanniques sur la pêche, jugée inacceptable, et qui répondait à une offre européenne formulée en fin de semaine dernière.

Bien que d’un faible poids économique, la pêche revêt une importante politique et sociale pour plusieurs Etat membres, dont la France et les Pays-Bas, et le Royaume-Uni en a fait le symbole de sa souveraineté retrouvée après le divorce avec l’UE.

Les tractations se concentrent sur le partage des quelque 650 millions d’euros de produits pêchés chaque année par l’UE dans les eaux britanniques et la durée de la période d’adaptation pour les pêcheurs européens. Pour les Britanniques, les produits de pêche dans les eaux européennes représentent environ 110 millions d’euros.

Bruxelles avait proposé de renoncer à environ 25% de ces 650 millions à l’issue d’une période de transition de six ans.

Londres, qui entend récupérer le contrôle de ses eaux, proposait à l’UE de renoncer à 35% des espèces non-pélagiques (pêchées en haute mer), mais à 60% de ses prises en incluant les espèces pélagiques, le tout sur une période de 3 ans, selon une source européenne.

Selon cette même source, plusieurs Etats membres ont demandé au négociateur de ne pas aller plus loin dans la proposition européenne.

« Ils ont affirmé que l’offre européenne soulevait déjà des préoccupations et ne pouvait qu’être une offre finale », a insisté un diplomate européen.

« Le Royaume-Uni ne fait pas encore assez de progrès pour conclure un accord équitable sur la pêche », a regretté une source européenne.

Sur les autres sujets, en particulier la manière de régler les différends et les mesures de protection contre toute concurrence déloyale, « des progrès ont été réalisés », a affirmé cette même source, pour qui la plupart des questions sont « provisoirement closes ou proches d’un accord ».

Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se sont une nouvelle fois parlé lundi soir, pour évoquer le Brexit mais également le Covid-19, au moment où le Royaume-Uni est coupé du monde à cause d’un variante plus virulente du coronavirus.

Boris Johnson a répété lundi soir que les conditions d’un « no deal » « seraient plus que satisfaisantes pour le Royaume-Uni ».

Michel Barnier devait aussi s’entretenir vers 18H00 HB avec un groupe d’eurodéputés qui suivent la négociation.

Un éventuel accord doit théoriquement être ratifié par le Parlement européen pour qu’il puisse entrer en vigueur le 1er janvier, mais les élus européens, qui avaient fixé une date butoir dimanche dernier, considèrent qu’il est désormais trop tard.

Sans entrée en vigueur d’un accord à cette date, les échanges entre l’UE et Londres se feront selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane et de quotas, avec de lourdes conséquences pour des économies déjà secouées par la pandémie.

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