Boris Johnson

Boris Johnson: le Brexit au service d’une ambition personnelle

Le Vif

Il agace tout autant qu’il séduit: l’exubérant député conservateur Boris Johnson, champion des partisans du Brexit, fait figure de favori pour succéder à la Première ministre Theresa May qu’il a patiemment contribué à pousser vers la sortie.

« Je vais y aller. Bien sûr que je vais y aller », répond l’ancien chef de la diplomatie britannique de 54 ans lorsqu’on lui demande s’il va briguer le poste de Theresa May.

Comme une évidence. Comme si, en fin de compte, la plus haute marche du pouvoir britannique avait toujours été là, dans un coin de sa tête.

Car Alexander Boris de Pfeffel Johnson, « BoJo » comme il est surnommé, est un ambitieux.

Dès son plus jeune âge, il voulait être « roi du monde », à en croire les confidences de sa soeur Rachel à son biographe, Andrew Gimson.

Et le ministère des Affaires étrangères, poste qu’il a occupé de 2016 à 2018, aussi prestigieux soit-il, ne constitue probablement pas le pinacle d’une carrière qui l’a déjà vu présider, de 2008 à 2016, aux destinées de la puissante capitale britannique.

Au fil d’une éducation élitiste, cet aîné d’une fratrie de quatre, né à New York en 1964, n’a eu de cesse d’affirmer ses rêves de grandeur, ayant décroché une bourse pour le prestigieux Eton College et le non moins glorieux poste de président du club de débat Oxford Union.

Brexit en bandoulière

L’homme à la célèbre tignasse blonde ébouriffée entame ensuite une carrière journalistique au Times, qui le licencie à peine un an plus tard pour avoir inventé une citation, et avoir menti sur le fait de l’avoir inventée. Le Daily Telegraph le repêche et l’envoie à Bruxelles, où il officiera de 1989 à 1994.

Déjà, à coup d’exagérations et même parfois d’entourloupes, Boris Johnson bouscule la couverture des institutions européennes et devient « le journaliste favori » de Margaret Thatcher en relatant par le menu les actions les plus insolites de l’exécutif européen (taille des saucisses, toilettes, etc.).

C’est également à Bruxelles que son premier mariage avec Allegra Mostyn-Owen, rencontrée à Oxford, se délite et qu’il renoue avec une amie d’enfance, Marina Wheeler, avec qui il aura quatre enfants. Le couple se sépare en 2018 et Boris Johnson fréquente depuis une jeune femme d’une trentaine d’années, selon les tabloïds.

Elu député pour la première fois en 2001, c’est en ravissant la mairie de Londres aux travaillistes en 2008 qu’il acquiert une stature nationale.

En 2016, il choisit le camp du Brexit. Ses détracteurs l’accusent alors d’agir par intérêt personnel plus que par conviction.

Dans la campagne du référendum, il joue un rôle décisif en promettant aux Britanniques un Royaume-Uni radieux hors du giron de l’UE, florissant économiquement et préservé d’une vague de millions d’immigrés prêts, selon lui, à envahir les côtes britanniques.

Le Brexit en poche, Downing Street semble lui tendre les bras, mais Boris Johnson, poignardé par son meilleur allié Michael Gove, qui se met sur les rangs avant lui, renonce à briguer le poste, laissant le champ libre à Theresa May. Il entre quand même au gouvernement, la dirigeante cherchant à donner des gages aux eurosceptiques du parti conservateur.

Les « bons mots » de BoJo

Sa désignation fait grand bruit, le costume de diplomate en chef ne semblant guère compatible avec son tempérament imprévisible.

« Là où la gravité et la maîtrise du détail étaient nécessaires, M. Johnson n’a fourni que des bon mots », soulignera le think tank Chatham House.

Des exemples? En mai 2017, il prône les exportations de whisky vers l’Inde dans l’enceinte d’un temple sikh, religion qui… bannit sa consommation.

Dans la foulée, il juge que la Libye pourrait devenir attrayante pour les touristes si elle parvenait à « se débarrasser des cadavres ». Avant d’émettre une idée pour le moins surprenante: construire un pont entre le Royaume-Uni et la France.

Mais c’est vis-à-vis de Theresa May et de l’Europe que ses sorties sont les plus incisives.

Les milliards d’euros que le Royaume-Uni pourrait avoir à payer en raison de ses engagements en tant que membre de l’UE ? « Ils peuvent toujours courir », lâche-t-il.

Et quelques jours avant un discours majeur de la Première ministre, il lui dame le pion en publiant dans la presse sa « vision » de la sortie de l’UE. Laissant même entendre que Donald Trump s’y prendrait mieux pour négocier avec Bruxelles.

Il finit par claquer la porte du gouvernement en juillet 2018. Un ans plus tard, il pourrait bien y retourner. Mais à sa tête cette fois.

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