Amnesty dénonce le racisme de la police pour faire respecter le confinement

Le Vif

La police a exercé son contrôle du respect des mesures de confinement de manière disproportionnée dans les régions les plus pauvres d’Europe, où la proportion de personnes appartenant à des minorités ethniques est souvent plus élevée, dénonce Amnesty International dans un rapport publié mercredi.

Se consacrant à la situation dans 12 pays européens, le rapport ‘Police et pandémie’ met en évidence une tendance préoccupante aux préjugés racistes au sein des forces de police, également soupçonnées d’exercer un racisme institutionnel. Le Laboratoire de preuves d’Amnesty International « a vérifié 34 vidéos de toute l’Europe montrant des agents de police utiliser la force illégalement, alors qu’elle n’était souvent pas nécessaire », affirme l’organisation.

Dans le département le plus pauvre de la France métropolitaine, la Seine-Saint-Denis, où la majorité des habitants sont noirs ou d’origine nord-africaine, le nombre de contraventions pour infraction au confinement a été trois fois plus élevé que dans le reste du pays, alors que, selon les autorités locales, le respect des mesures de confinement y était semblable à ce qu’il était ailleurs en France.

Au Royaume-Uni, la police londonienne a enregistré une augmentation de 22% des opérations de fouille entre mars et avril 2020. Sur cette période, la part de personnes noires soumises à des fouilles a progressé de près d’un tiers.

Selon Amnesty International, les gouvernements bulgare et slovaque ont mis en quarantaine obligatoire des quartiers informels roms. Alors que la Slovaquie a chargé l’armée de surveiller le respect de ces mises en quarantaine, plus de 50.000 personnes roms de Bulgarie auraient été coupées du reste du pays et subi de graves pénuries alimentaires.

« Les personnes demandeuses d’asile, réfugiées et migrantes vivant dans des camps et des foyers d’hébergement ont également été la cible de mesures sélectives de mise en quarantaine en Allemagne, à Chypre et en Serbie, ainsi que d’expulsions forcées en France et en Grèce », souligne l’organisation. Des mesures punitives ont aussi touché les sans-abri pendant le confinement dans divers pays d’Europe de l’Ouest.

« Les violences policières et les inquiétudes liées au racisme institutionnel ne sont pas nouvelles, mais la pandémie de Covid-19 et le contrôle coercitif de l’application des mesures de confinement qui en découlent ont révélé leur ampleur », a déclaré Marco Perolini, chercheur d’Amnesty International pour l’Europe de l’Ouest. « Il faut de toute urgence lutter contre la triple menace que représentent la discrimination, l’utilisation illégale de la force et l’impunité de la police. »

En Belgique, la Ligue des Droits humains a collecté 102 allégations de comportements abusifs par la police entre le 18 mars et le 29 mai. « Dans 36% des cas, il s’agit d’une utilisation illégale de la force et dans 21% des cas d’insultes. 40% des victimes étaient des personnes racisées », rapporte Amnesty International.

« Le fait que, en Belgique, des représentants des forces de l’ordre aient eu recours à un usage illégal de la force pour faire respecter les mesures de confinement est inquiétant, et nous demandons que soient menées des investigations indépendantes et efficaces concernant ces abus », affirme Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone de l’organisation. « Nous jugeons également très problématique le fait qu’il n’existe pas de lois interdisant explicitement le profilage ethnique et que nos autorités échouent à collecter des données précises sur les contrôles de police. »

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