Les enfants de la famille Dupont de Ligonnès, assassinés en 2011

Affaire Dupont de Ligonnès: des doutes sur l’identité de l’homme arrêté à l’aéroport de Glasgow

Le Vif

L’identité de l’homme présenté comme étant Xavier Dupont de Ligonnès en raison d’empreintes digitales lui correspondant, laissait apparaître un « doute » samedi, selon une source proche de l’enquête.

Après des échanges entre les police française et écossaise, cet homme a été arrêté vendredi soir à l’aéroport de Glasgow en provenance de Paris. Les enquêteurs français étaient attendus sur place en fin de matinée. Xavier Dupont deLigonnèsa disparu depuis le meurtre en 2011 de sa famille à Nantes.

Vendredi

Selon une source proche de l’enquête, les policiers français ont alerté leurs homologues écossais après avoir reçu une « dénonciation anonyme ». Les enquêteurs, prudents, attendent cependant « les comparaisons ADN pour être complètement certains », selon cette source.

Cette « information » est parvenue trop tard pour qu’il y ait une intervention sur le sol français, a-t-on expliqué de même source. Les enquêteurs français ont prévenu la police écossaise qu’il se trouvait dans l’avion et lui ont « transmis des moyens d’identification », a-t-on ajouté.

A son arrivée à Glasgow, il a été contrôlé, et selon la police écossaise, ses empreintes correspondent à celles de Xavier Dupont de Ligonnès, aujourd’hui âgé de 58 ans, ont rapporté à l’AFP deux sources françaises proches de l’enquête, confirmant une information du Parisien.

Les enquêteurs français étaient en route vendredi soir pour Glasgow, selon l’une de ces sources proches de l’enquête.

Selon une autre source interrogée par l’AFP, il voyageait avec un passeport français volé en 2014, et il aurait passé très probablement une partie de sa cavale au Royaume-Uni.

Depuis huit ans, cet homme était activement recherché. A maintes reprises, des signalements sont parvenus aux enquêteurs dont les milliers de procès verbaux rédigés n’ont pas permis de dire s’il était mort ou vivant, s’il avait pu organiser sa fuite ou s’il s’était suicidé.

Théorie du complot

Xavier Dupont de Ligonnès avait été aperçu pour la dernière fois en avril 2011: le 14 avril, il avait été filmé par la caméra d’un distributeur de billets, et le 15, il avait quitté à pied un hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens dans le Var avec, sur le dos, un étui pouvant contenir une carabine.

Six jours plus tard, les corps de sa femme et de ses quatre enfants étaient découverts, enterrés sous la terrasse de la maison familiale, enroulés dans des draps et de la chaux.

Agnès Dupont de Ligonnès, 48 ans, Arthur, 21 ans, Thomas, 18 ans, Anne, 16 ans, et Benoît, 13 ans, ont été tués à la 22 Long Rifle, vraisemblablement deux semaines plus tôt, entre le 3 et le 5 avril, d’au moins deux balles dans la tête. Une « exécution méthodique », selon les rapports d’autopsie.

Avec six jours de retard sur le père de famille, les enquêteurs avaient alors remonté le fil de son emploi du temps, sans percer l’énigme. Malgré un mandat d’arrêt international lancé contre lui, il n’avait jamais été retrouvé.

Plusieurs opérations et campagnes de fouilles ont été menées dans le Var, département où la famille Dupont de Ligonnès avait habité dans les années 1990, notamment après des découvertes de cadavres non identifiés.

En avril 2015, des ossements découverts près de Fréjus (Var), non loin du dernier endroit où a été vu le père de famille, s’avèreront ne pas être les siens.

A plusieurs reprises, les enquêteurs ont été menés sur de fausses pistes par des témoins qui affirmaient avoir l’aperçu, comme ces fidèles du monastère de Roquebrune-sur-Argens, en janvier 2018.

Une pincée de théorie du complot –née d’un courrier du père à neuf de ses proches, affirmant qu’il allait être exfiltré vers les États-Unis en raison de sa supposée vie d’agent double –, une famille en apparence tout à fait classique, une préparation qui semble méthodique et une certaine mise en scène de la disparition du père sont venus nourrir l’intérêt pour cette affaire hors du commun.

Les grandes dates de l’affaire Dupont de Ligonnès

L’arrestation à Glasgow de Xavier Dupont de Ligonnès met un terme à plus de huit ans de traque d’un père de famille soupçonné d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Nantes en 2011 et qui avait mystérieusement disparu.

Rappel des principales étapes de l’énigme:

Premiers soupçons

Le 1er avril 2011, Xavier Dupont de Ligonnès achète dans plusieurs magasins du ciment, une bêche et une houe et, le lendemain, quatre sacs de 10 kg de chaux.

La nuit du 3 au 4 avril est la « date probable » du décès de la mère, Agnès, et des enfants Benoît (13 ans), Anne (16 ans) et Arthur (21 ans), selon le parquet de Nantes.

Le 5, Thomas (18 ans) rentre à Nantes dans la soirée à la demande de son père. Il est probablement tué cette nuit-là.

Le 11, le collège des deux benjamins de la famille et l’employeur de l’épouse reçoivent des courriers expliquant leur absence par une mutation en Australie. Neuf proches reçoivent un courrier expliquant le départ soudain de toute la famille pour les Etats-Unis par la double vie d’agent secret qu’aurait eu Xavier Dupont de Ligonnès.

Dans la nuit du 12 au 13, Xavier Dupont de Ligonnès dîne seul et dort dans une luxueuse auberge du Vaucluse.

Le 13 avril sont passés de premiers appels à la police nantaise, émanant de voisins de la famille inquiets.

21 avril 2011: découverte des corps

Le 15 avril, après une nuit passée au Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens (Var), Dupont de Ligonnès est vu pour la dernière fois par un témoin, s’éloignant à pieds avec un sac sur le dos.

Le 19, une enquête est ouverte pour disparition inquiétante de l’ensemble de la famille.

Le 21, les enquêteurs découvrent les cinq corps d’Agnès et de ses quatre enfants tués par balle enroulés dans des draps et de la chaux sous la terrasse de la maison familiale.

Le 22, les autopsies révèlent une « exécution méthodique », avec chacun au moins deux balles tirées en pleine tête.

Le 26, une marche blanche d’hommage aux victimes réunit 450 personnes à Nantes, deux jours avant les obsèques.

Mandat d’arrêt international

Le 29 avril 2011 ont lieu les premières fouilles, infructueuses, autour de Roquebrune-sur-Argens.

Le 10 mai, un mandat d’arrêt international est émis contre Xavier Dupont de Ligonnès.

Du 23 au 28 juin, des fouilles sont organisées dans une quarantaine de cavités autour de Roquebrune-sur-Argens, puis dans les environs avec une centaine de CRS, d’enquêteurs de la police judiciaire de Toulon, de sapeurs-pompiers et quatre équipes cynophiles.

Le 26 juillet, une centaine de policiers dans toute la France procèdent à une quinzaine de perquisitions et 25 auditions libres parmi les proches parents et amis de Xavier Dupont de Ligonnès. Sans résultat.

Fausses pistes

En avril 2015, des ossements sont découverts près de Fréjus (Var), non loin du dernier endroit où a été vu le père de famille. Ces ossements humains s’avèreront ne pas être les siens.

En juillet, est envoyé au bureau de l’AFP à Nantes un courrier, daté du 11, et signé « XAVIER Dupont de Ligonnès ».

Le 29 juillet, au terme des expertises, la police juge que ce message énigmatique – « Je suis toujours vivant », puis en minuscule « de là jusqu’à cette heure (sic) » – au dos d’une photo de deux de ses fils, ne permettent pas d’identifier Ligonnès.

Le 23 mars 2016, un fonctionnaire de police est condamné à 3.000 euros d’amende pour avoir divulgué en 2012 des documents sur l’affaire.

En janvier 2018, la police intervient, sans succès, dans un monastère de Roquebrune-sur-Argens où des fidèles pensaient avoir reconnu Xavier Dupont de Ligonnès.

Arrestation

Le 11 octobre 2019, il est repéré par des policiers de l’aéroport parisien de Roissy, qui n’ont pas le temps d’intervenir avant son embarquement, mais préviennent Interpol. Il sera arrêté à l’aéroport de Glasgow.

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