Journalistes postés devant le siège de la police à Glasgow

Affaire Dupont de Ligonnès: chronologie d’une information erronée

Le Vif

De l’arrestation d’un homme à Glasgow – dont les empreintes ont été présentées par la police écossaise comme étant celles du Français Xavier Dupont de Ligonnès – aux doutes de voisins et d’enquêteurs français, jusqu’au test ADN montrant qu’il n’est pas le suspect d’une tuerie de Nantes recherché depuis 2011 : chronologie d’une information erronée.

Peu après 20H30 (18H30 GMT) vendredi, le quotidien français Le Parisien annonce, sur la base de « ses informations », que Xavier Dupont de Ligonnès a été arrêté à l’aéroport de Glasgow. La nouvelle est exceptionnelle dans cette affaire, qui est l’une des plus grandes énigmes criminelles de ces dernières décennies en France.

Xavier Dupont de Ligonnès est soupçonné d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Nantes (ouest de la France) en avril 2011. Leurs corps ont été retrouvés recouverts d’une chape de béton coulée sous la terrasse de leur maison à Nantes.

Du père de famille, aucune trace depuis huit ans. L’homme avait été aperçu pour la dernière fois en avril 2011 : le 14, il avait été filmé par la caméra d’un distributeur de billets. Le 15, il avait quitté à pied un hôtel de Roquebrune-sur-Argens (dans le Var, sud-est de la France) avec, sur le dos, un étui pouvant contenir une carabine.

Ce coup de théâtre enflamme les médias qui s’activent pour obtenir confirmation de son arrestation.

A 21H01 (19H01 GMT), l’AFP confirme l’information du Parisien, de « source proche de l’enquête ».

Empreintes digitales

Au total, l’AFP dispose de quatre sources policières françaises différentes avec lesquelles les journalistes ont l’habitude de travailler en confiance. Toutes relèvent que, « selon la police écossaise », les empreintes digitales de l’homme interpellé à Glasgow « correspondent ». Il n’y a pas de conditionnel dans ce que disent les Ecossais à leurs collègues français.

Les enquêteurs, prudents, attendent cependant « les comparaisons ADN pour être complètement certains », selon ces sources.

Plus tôt dans la journée, les policiers français ont été informés par la Grande-Bretagne, par « la voie de la coopération policière internationale » qu’un homme allait prendre un avion à l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle pour se rendre à Glasgow, déclarent des sources à l’AFP. Trop tard à ce moment-là pour que la police française l’intercepte.

Une source explique à l’AFP que les Britanniques ont été prévenus de l’arrivée de cet homme en Ecosse par une « dénonciation anonyme ». Des « moyens d’identification » leur sont transmis par les Français.

Peu après 23H00 (21H00 GMT), la police écossaise, sollicitée par le bureau de l’AFP à Londres, raconte dans un communiqué qui lui est transmis : « Un homme a été arrêté à l’aéroport de Glasgow et demeure en garde à vue à la suite d’un mandat d’arrêt européen émis par les autorités françaises ». « L’enquête se poursuit pour confirmer son identité ».

C’est la seule communication officielle de la police écossaise à ce moment-là.

Doutes

Une source proche du dossier précise à l’AFP que les enquêteurs (de la Brigade nationale de recherche des fugitifs et de la police judiciaire de Nantes) sont en route, tandis que le procureur de Nantes évoque auprès de l’AFP un déplacement à Glasgow samedi.

Une autre source souligne auprès de l’AFP que l’homme voyageait avec un passeport volé en 2014.

C’est sur la base du nom et de l’adresse inscrits sur le passeport que des policiers se rendent vendredi dans la nuit à Limay (en région parisienne) pour perquisitionner dans un pavillon. L’AFP se rend sur les lieux.

Le procureur de Nantes Pierre Sennès appelle, auprès de l’AFP, à la « prudence ». Les enquêteurs « vont donc faire des vérifications en Ecosse auprès de la personne » arrêtée à Glasgow « pour s’assurer que c’est bien M. Dupont de Ligonnès ». « Donc il convient, dans l’attente de ces vérifications, d’être prudents ». « Il y a une suspicion sur les empreintes mais c’est en cours de vérification, en cours de confirmation ».

Tôt samedi matin, l’AFP retourne à Limay, où les voisins et amis du propriétaire du pavillon perquisitionné, Guy Joao, expriment de forts doutes sur un lien possible avec Xavier Dupont de Ligonnès. « C’est pas lui », disent certains, évoquant ce septuagénaire marié à une Ecossaise.

Parallèlement, les sources policières de la veille expriment aussi leurs doutes sur la correspondance des empreintes et sur l’identité de l’homme interpellé. L’AFP fait état de ces doutes peu avant 11H00 (0Hh00 GMT).

Enfin à 12H55 (10H55 GMT), l’AFP écrit que l’homme arrêté à Glasgow n’est pas Dupont de Ligonnès d’après un test ADN, citant une source proche de l’enquête. Les enquêteurs français disposent en effet de l’ADN du suspect de la tuerie de Nantes et la comparaison avec l’ADN de l’homme arrêté donne un résultat négatif.

Pour le moment, aucune explication de sources françaises ou écossaises n’a été fournie sur l’origine de cette erreur.

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