Carte blanche

Affaire Benalla : tempête dans un verre d’eau…trouble

Pas de doute : la violence gratuite est condamnable, d’où qu’elle vienne. Elle doit être dûment sanctionnée, par qui de droit.

Justement, dans la fièvre qui accable nos voisins du sud (pire que s’ils avaient perdu la demi-finale des championnats du monde) c’est là que le bât blesse : les faits reprochés à Alexandre Benalla ont été, sans délai, sanctionnés par son chef immédiat. Bien sûr, on peut estimer les mesures insuffisantes ou mal appliquées. Mais de là à harceler le ministre de l’Intérieur – qui a bien d’autres chats à fouetter – créer des commissions d’enquête (jouer aux juges séduit tout le monde) en arrêtant les travaux d’importance fondamentale de l’Assemblée et surtout, de façon à peine voilée, chercher à nuire au chef de l’État et sa détermination à réformer, il y a de la marge, un abîme même. Cela rappelle un peu le montage qui avait cherché à déstabiliser le président Pompidou en s’emparant d’un fait divers auquel on avait essayé de mêler son épouse ! On se croirait en plein surréalisme, plutôt que dans la patrie de Montesquieu !

Il est vrai que, dans les plus belles démocraties du monde, une opposition même temporairement aux abois (tout est sac et ressac en démocratie) cherche par tous les moyens à se faire entendre, fût-ce au niveau des pâquerettes. Mais globalement, les élus de tous bords savent raison garder et sont soucieux d’honorer leur noble mission : fabriquer l’avenir du pays, fût-ce dans la dispute et la douleur.

Affligeant cependant, d’après moi, le rôle des médias dans tout cela. Je sais qu’en période de vacances l’information est rare et les journalistes peinent à remplir les colonnes (l’actualité internationale est plutôt bien fournie, cependant). Mais qu’un grand quotidien, réputé sérieux, ne se soit pas posé plus de questions avant de lâcher dans la nature des images choquantes me paraît inconcevable. D’autant plus que la scène aurait été filmée par un membre d’un parti qui ne cache pas, depuis des mois, son désir farouche, mais jusqu’ici sans succès, d’être la principale force pour contrer les projets du président Macron. Et en occultant soigneusement le début de l’incident qui contient apparemment des clefs pour comprendre ce qui s’est passé. Sur fond d’une sorte de guerre des polices, entre elles et avec les services de la présidence. Amplement matière à se méfier pour tout journaliste bien intentionné !

Fatalement, le moulin médiatique s’est mis à tourner, débordant largement les faits délictueux, dont la justice s’occupe à juste titre, et les questions de gestion administrative qui relèvent de la responsabilité de grands serviteurs de la République, qui n’ont plus à faire leurs preuves. Grand Seigneur, le chef de l’État, après avoir pris le temps d’observer ce déferlement d’indignation sincère, de questionnement justifié, mais aussi d’agitation politicienne faisant flèche de tout bois, a fait ce que l’on attendait de lui : assumer sans réserve. Condamnant fermement les dérapages que la justice examine et sanctionnera le cas échéant et se réservant les mesures en interne, à examiner avec ses collaborateurs, susceptibles d’améliorer le fonctionnement de ses services sur base de l’expérience acquise.

Cela devrait permettre, en faisant confiance à la justice et aux responsables de la bonne gestion de l’Élysée, de tourner la page et de revenir aux questions vitales en suspens . Car si je m’autorise ces commentaires hors de l’Hexagone c’est avec un plein respect de l’histoire et de la richesse intellectuelle de ce grand pays, mais aussi avec la conviction, qui fait consensus auprès d’une grande majorité de Français, je pense, que des réformes profondes s’imposent. Elles paraissent amorcées et doivent à tout prix aboutir. Pas uniquement pour le bien de ces belles contrées et de ses habitants, mais aussi parce qu’on a besoin d’une France solide pour construire la nation européenne, notre seul avenir à tous.

Bonne chance et bon courage, Monsieur le Président.

Roger Talpaert, Licencié en Sciences politiques

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire