© Getty Images/iStockphoto

Zones mortes: les océans s’étouffent à un rythme alarmant

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les océans suffoquent. Les zones privées d’oxygène font courir un grand risque à la biodiversité marine.

Le nombre de zones mortes dans l’océan, zones sans oxygène, a quadruplé depuis 1950, avertissent les scientifiques dans la revue Science. La plupart des espèces marines ne peuvent pas survivre dans ces zones et la tendance actuelle pourrait conduire à une extinction de masse à long terme. Avec également de nombreuses conséquences sur les centaines de millions de personnes qui dépendent de la mer. Depuis 1950, le nombre de zones mortes signalées près des côtes a été multiplié par dix. Les océans nourrissent en effet plus de 500 millions de personnes à travers le monde, en particulier dans les pays les plus pauvres. Ils fournissent également du travail à 350 millions de personnes.

Des océans plus chauds

Cette désoxygénation à grande échelle est causée par le changement climatique, provoqué par les combustibles fossiles. Une eau plus chaude contient non seulement moins d’oxygène, mais pousse les organismes marins à respirer plus rapidement, utilisant plus rapidement cet oxygène. Les zones mortes côtières sont quant à elles causées par les engrais et les eaux usées.

« Des phénomènes d’extinction majeurs dans l’histoire de la Terre ont été associés aux climats chauds et aux déficiences en oxygène des océans. (…) Selon la trajectoire actuelle, c’est vers cela que nous nous dirigeons », avertit Denise Breitburg, du Smithsonian Environmental Research Center (Etats-Unis), qui a dirigé la recherche. Un scénario qui pourrait se révéler aussi catastrophique pour la biodiversité marine que pour les humains. « C’est un problème que nous pouvons résoudre », assure-t-elle pourtant. « Stopper le réchauffement climatique nécessite un effort mondial, mais même des actions locales peuvent aider à réduire le déclin d’oxygène ».

Une approche globale

Un espoir que ne partage pas le Pr. Robert Diaz (Virginia Institute of Marine Science), cité par The Guardian : « A l’heure actuelle, l’expansion croissante des zones côtières mortes et le déclin d’oxygène en haute mer ne sont pas des problèmes prioritaires pour les gouvernements du monde entier. Malheureusement, il faudra une mortalité sévère et persistante des pêcheries pour qu’on réalise la gravité du manque d’oxygène ». Depuis 1950, on estime que le niveau d’oxygène dans tous les océans a baissé de 2%. Selon les scientifiques, cela peut réduire la croissance, nuire à la reproduction et favoriser les maladies.

Cette nouvelle analyse de la situation des zones mortes a été réalisée par un groupe de travail créé en 2016 par la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco. Kirsten Isensee, membre de cette Commission, incite également à agir : « La désoxygénation des océans se produit dans le monde entier à cause de l’empreinte humaine, donc nous devons également y faire face de manière globale ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire