Tesla Powerwall © BELGA

Une batterie qui conserve vos photons

Bastien Pechon
Bastien Pechon Journaliste

Le soleil frappe les vingt-huit panneaux solaires de la maison au crépi jaune. Dans le garage, le compteur électrique tourne à l’envers de plus en plus vite. Mais, en pleine semaine, peu de watts seront consommés sur place car la maison est vide. Ses propriétaires ne rentrent qu’en fin de journée. Beaucoup d’électrons partiront donc sur le réseau puis feront le chemin inverse à la nuit tombée.

D’où l’idée de stocker cette énergie pour pouvoir l’utiliser lorsque le soleil ne brille plus, quand la demande est la plus forte. Elon Musk l’a bien compris. Le patron de Tesla dévoilait en grande pompe sa batterie en avril 2015. Un an plus tard, la « Tesla Powerwall » débarque en Belgique grâce à la société Eneco. La première a été installée il y a quelques semaines chez un habitant de Wavre-Sainte-Catherine, dans le Brabant flamand. Ce pionnier a déboursé entre 5 900 et 7 700 euros pour installer ce système de stockage du futur. Plus de 1 100 familles belges seraient d’ores et déjà intéressées, selon le distributeur.

Le groupe américain n’est pas le seul à se lancer dans le stockage d’énergie pour les particuliers et les entreprises. Mercedes et Schneider Electric ont aussi dévoilé leur propre batterie ces derniers mois. Mais selon Damien Ernst, professeur à l’ULg, l’investissement n’est pas encore rentable dans notre pays. Aucun mécanisme de soutien n’a été mis en place. En Wallonie, le compteur des propriétaires de panneaux photovoltaïques tourne à l’envers quand le soleil brille. Ils stockent ainsi virtuellement l’électricité sur le réseau pour la consommer le soir.

À Bruxelles, le système de « compteur qui tourne à l’envers » pourrait être supprimé. Selon Damien Ernst, il serait alors plus intéressant pour un Bruxellois d’investir dans cette nouvelle technologie. Là où le kWh lui coûterait environ 25 cents le soir, celui produit par ses panneaux et revendu au réseau ne lui rapporterait que 5 cents. En optant pour une batterie de la taille du Powerwall, le bruxellois pourrait donc gagner de 1 € à 1,40 € par jour. Soit 4 000 à 5 000 euros au bout des dix années de garantie du constructeur, selon Damien Ernst. Ce qui n’est donc pas encore très rentable.

Pour faire baisser les prix, Tesla pourra compter, dès 2017, sur sa « Gigafactory » en cours de construction au Nevada. En 2020, cette immense usine devrait produire autant de batteries au lithium-ion que le monde en a produit en 2013. D’autres technologies pourraient aussi s’imposer comme ces batteries à base de graphène. Conçues par l’entreprise espagnole Graphenano, elles seraient capables de stocker de quatre à huit fois plus d’énergie que les actuelles batteries au lithium-ion. Autrement dit, emprisonner la fée électricité à la maison s’avérera bientôt rentable pour les particuliers. Ce n’est plus qu’une question de temps.

Bastien Pechon

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