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« Point de basculement »: le Groenland fond quatre fois plus vite qu’en 2003

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le Groenland fond plus rapidement que les scientifiques ne l’avaient prévu. Selon une nouvelle étude, le rythme de la fonte des glaces a quadruplé depuis 2003.

Les énormes glaciers du Groenland déposent des blocs de glace de plus en plus gros dans l’océan Atlantique. Mais la plus grande perte de glace au cours de la décennie depuis 2003 s’est produite dans la région du sud-ouest, qui ne contient pas beaucoup de glaciers. Que se passe-t-il ? Les scientifiques estiment que, tout simplement, la glace en surface fond également à mesure que les températures mondiales s’élèvent. Cette eau s’écoule ensuite dans les océans et fait monter le niveau des mers.

Une fonte quatre fois plus rapide

Les nouvelles recherches, publiées dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), ont utilisé les données d’une expérience de la NASA et des stations GPS dispersées à travers le Groenland pour analyser les changements dans les masses glaciaires. Elles démontrent que le Groenland a perdu environ 280 milliards de tonnes de glace par an entre 2002 et 2016. Si toute la calotte glaciaire du territoire, épaisse de 3km par endroit, venait à fondre, le niveau des mers augmenterait de près de sept mètres, noyant de nombreuses terres aujourd’hui habitées.

En tout, la fonte des glaces a été quatre fois plus rapide en 2013 qu’en 2003. Selon les chercheurs, cela est dû à l’augmentation des températures mondiales à cause du changement climatique induit par l’homme, mais aussi à l’oscillation nord-atlantique, un phénomène météorologique périodique qui apporte de l’air plus chaud à l’ouest du Groenland.

De nouveaux problèmes

Si cette étude ne fait que confirmer une tendance présente depuis des années, elle révèle également que des régions, comme le sud-ouest du Groenland qui n’était pas considéré auparavant comme une zone à risque, sont en train de nous échapper.

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« Nous savions que nous avions un gros problème avec l’augmentation des taux d’écoulement glaciaire par certains grands glaciers. Mais à présent nous reconnaissons un second problème sérieux : de plus en plus, de grandes quantités de masse de glace vont se transformer en eau de fonte », confirme Michael Bevis, auteur principal de la nouvelle étude et professeur de géodynamique (Ohio State University).

« Trop tard »

Au fil des études, les scientifiques acquièrent une meilleure compréhension de la manière dont le Groenland et l’Antarctique, deux énormes masses glaciaires, réagissent au réchauffement des océans et de l’atmosphère.

La nouvelle recherche fournit de nouvelles preuves des dangers qui menacent des lieux côtiers vulnérables, tels que Miami, Shanghai, le Bangladesh ou encore des îles du Pacifique. « La seule chose que nous pouvons faire est de nous adapter et d’atténuer le réchauffement de la planète. Il est trop tard pour qu’il n’y ait aucun effet », regrette Bevis. « Nous voyons la calotte glaciaire atteindre un point de basculement. Une fois que vous avez atteint ce point de basculement, la seule question est : A quel point la situation est grave ? »

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