© Reuters Pictures

OGM, entre législation et scandale

Même si quelques pays font encore barrage, deux OGM sont parvenus à s’implanter dans les cultures de l’Union Européenne. Pourtant ces dernières sont encore souvent au coeur de scandales sanitaires et écologiques comme nous le démontre un récent rapport sur Monsanto, le leader mondial des OGM.

Actuellement, deux OGM sont autorisés dans l’Union européenne : le maïs MON810 de Monsanto, et la pomme de terre Amflora. Si l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a validé leur entrée dans le marché, les membres de l’UE restent libres d’introduire ou non ces OGM chez eux.

Le maïs MON810 est autorisé depuis 1998. Cependant de nombreux pays tels que la France, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie le Luxembourg et la Bulgarie se sont opposés à sa culture ou son importation. La pomme de terre Amflora, elle, a été autorisée par l’UE, en 2010. Trois pays l’ont formellement interdit : l’Autriche, la Hongrie et le Luxembourg.

Toutefois selon Maurice Losch de Greenpeace ces derniers ne seraient pas les seuls OGM à être présents en Europe. Pour lui, la réglementation européenne présente des failles puisque des OGM seraient présents dans l’alimentation animale. « Les poules, cochons et vaches de nos pays mangent du soja OGM importé des pays du Sud », affirme-t-il.

Une politique OGM différente en Wallonie et en Flandre

La distance tampon instaurée en Flandre entre les champs est de 50 mètres. En septembre 2010,le Vif.be révélait que le 1er champ de maïs OGM à Wetteren en Flandre avait contaminé les champs voisins alors que les échantillons d’OGM avaient été prélevés à 100 mètres.

Par ailleurs, 16 organisations agricoles, environnementales et du domaine du développement Nord-Sud viennent de dénoncer mercredi le feu vert donné mardi par les ministres fédéraux compétents au projet de champ de maïs transgénique à Wetteren. Celles-ci ont qualifié cette décision d' »incompréhensible » et d' »inacceptable » dans un communiqué commun. » Pourquoi les ministres aident-ils à forcer contre tout bon sens scientifique et agronomique le passage des OGM en Belgique, alors que dans d’autres Etats membres de l’Union européenne, de nombreux gouvernements appliquent le principe de précaution en matière de mise en culture d’OGM? « , s’interrogent les seize organisations, parmi lesquelles Greenpeace Belgique, Nature et Progrès Belgique, Les Amis de la Terre et BioForum Wallonie. Selon celles-ci, les ministres ont donné l’autorisation sans tenir compte des avis scientifiques et en se moquant des inquiétudes fondées des citoyennes et citoyens.

A contrario, la norme de distance appliquée en Wallonie entre les champs OGM et les champs traditionnels est de 600 mètres. Un décret qui à l’inverse du décret flamand est bel et bien dissuasif pour les partisans des plantes génétiquement modifiées selon Greenpeace.

Les récents scandales sanitaires de Monsanto

50 firmes se partagent actuellement le marché des OGM au niveau mondial. Monsanto est incontestablement le leader mondial de l’agrochimie et de la biotechnologie. Un rapport d’ONG alliant La via Campesina, Les amis de la Terre International et Combat Monsanto a été rendu public, le 3 avril. Ce rapport de 34 pages met la firme en cause et reprend les plus gros procès intentés contre Monsanto dont en voici quelques exemples parmi les plus retentissants.

Le 13 février 2012, Monsanto est condamné en France pour avoir intoxiqué un petit agriculteur charentais avec un herbicide. Ce procès a donné lieu à un retour du moratoire contre le maïs MON810 en France et à l’indemnisation de l’agriculteur. C’est aussi la première fois que la France condamne le géant américain

En 2010, la firme soulève l’indignation de la population en utilisant sans accord 6 variétés locales d’aubergines pour les croiser avec l’aubergine Bt génétiquement modifiée. Scandale d’autant plus retentissant que l’aubergine est l’un des aliments de base de la culture indienne. La firme est alors condamnée pour bio piraterie et l’Inde adopte un moratoire sur le gène Bt.

En juin 2010, après la catastrophe à Haïti, 10.000 Haïtiens protestent contre les dons de semences de Monsanto (60 tonnes de semences potagères et de maïs hybride). En effet selon le rapport « Ces semences hybrides ne peuvent être replantées d’une saison à l’autre et exigent une grande quantité de pesticides, les fermiers dépendent donc des semences et des produits chimiques industriels ». Le boycott était une initiative du Mouvement Paysan Papaye (MPP) pour défendre la souveraineté alimentaire haïtienne.

Toujours en 2010, Monsanto est également condamné aux États-Unis. La firme doit payer une amende de 2,5 millions de dollars pour avoir vendu du coton OGM non autorisé dans certaines régions du Texas.

Astrid Thins (stg)

Les dangers liés aux OGM, selon Greenpeace

Un OGM est issu d’un transfert de gènes d’une espèce à une autre pour lui donner de nouvelles caractéristiques. Il est le résultat d’une manipulation génétique qui altère la biodiversité et met en cause la sécurité alimentaire.

Beaucoup d’OGM sont créés pour être nourris avec des pesticides.
Les semences OGM sont brevetées. Ce brevet interdit à un agriculteur d’utiliser ses propres semences, sous peine de poursuites de la firme. Pour s’en assurer, la firme envoie des détectives dans les régions rurales. De nombreux procès sont intentés par Monsanto au Canada et aux États-Unis, contre les agriculteurs qui n’auraient pas respecté ce brevet.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire