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New Delhi, là où le smog est pire qu’en Chine

Le chef de l’exécutif de New Delhi, Arvind Kejriwal, a appelé jeudi les habitants de la capitale la plus polluée du monde à s’impliquer dans son expérimentation de circulation alternée destinée à rendre l’air plus respirable.

Les autorités locales avaient annoncé début décembre vouloir expérimenter la circulation alternée pendant les deux premières semaines de janvier pour tenter d’assainir l’air chargé en particules fines que respirent les 17 millions d’habitants, particulièrement en hiver. L’exécutif de Delhi a dévoilé jeudi les détails de ce programme. « La pollution devient un problème très grave. Et c’est un problème que nous devons tous résoudre ensemble », a lancé M. Kejriwal lors d’une conférence de presse. « Il faut que cela devienne un mouvement, le mouvement du peuple. Nous ne pouvons pas le mettre en oeuvre sous la menace du bâton et de la punition ».

Déjà plus de 8,5 millions de véhicules circulent à Delhi, auxquels s’ajoutent 1.400 nouvelles voitures chaque jour. Les seuils de pollution grimpent encore en hiver, lorsque des milliers d’Indiens allument des feux pour se chauffer. Or à l’inverse de Pékin, autre grande capitale d’Asie souffrant de la pollution, il n’existe à Delhi aucun système d’alerte quand le stade de contamination de l’air atteint un niveau dangereux pour la santé.

Aux termes de ce plan, les véhicules dotés de plaques d’immatriculation impaires rouleront les jour impairs et les autres les jours pairs. Des policiers chargés de la circulation, aidés de 10.000 volontaires, veilleront au respect de la consigne.

Les contrevenants se verront imposer une amende 2.000 roupies (28 euros), ce qui représente une somme coquette pour bon nombre d’habitants. Les transports publics seront également renforcés avec des milliers d’autobus supplémentaires. L’interdiction de circuler, entre 08H00 et 20H00, ne s’appliquera pas le dimanche. Elle ne concernera pas non plus les VIP, les femmes seules et les deux roues qui contribuent beaucoup au brouillard ambiant.

Les sceptiques pensent que les Indiens seront nombreux à recourir au « jugaad », technique qui consiste à trouver une solution alternative pour pas trop cher, à savoir en se procurant de fausses plaques ou en achetant une deuxième voiture bon marché. Mais, Manish Sisodia, adjoint de Kejriwal, a appelé les habitants à jouer le jeu. Il vaut mieux « avaler cette pilule amère maintenant que mourir d’avoir respiré ce poison ». Une étude menée l’an dernier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur 1.600 villes du monde a montré que Delhi affiche la plus haute concentration annuelle de particules fines à pm2,5, c’est-à-dire d’un diamètre de 2,5 microns.

Ces particules, qui s’installent profondément dans les poumons et peuvent passer dans le système sanguin, sont responsables de taux plus élevés que la moyenne de bronchites chroniques, cancers du poumon et maladies cardiaques.

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