© iStock

Le triste succès des SUV, deuxième facteur des émissions de CO2

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Si les conducteurs de SUV étaient une nation, ils se classeraient au septième rang mondial pour les émissions de carbone.

Le SUV a le vent en poupe en Europe. Au point qu’une récente analyse révèle que la demande croissante de ce géant de la route constituait le deuxième facteur contribuant à l’augmentation des émissions de carbone de 2010 à 2018.

Les consommateurs achètent des voitures toujours plus grandes, toujours plus lourdes. Un succès qui a permis de doubler la part de marché mondial de véhicules utilitaires sportifs en dix ans : environ 40 % des ventes annuelles de voitures sont des SUV, contre 20 % en 2010. On estime qu’il y a aujourd’hui près de 200 millions de SUV sur les routes dans le monde. Une évolution spectaculaire, mais pas seulement en termes de vente. Sur la même période, les émissions annuelles de CO2 ont dépassé 700 mégatonnes.

Mis à part l’énergie elle-même, aucun autre secteur de l’énergie n’a conduit à une telle augmentation des émissions de carbone, faisant passer les véhicules utilitaires sportifs devant l’industrie lourde (production de fer, d’acier, de ciment…), l’aviation ou le transport maritime. « Nous avons nous-mêmes été surpris par ce résultat« , a déclaré Laura Cozzi, membre de l’Agence internationale de l’énergie, à l’origine du rapport.

Une question de poids

Il faut savoir que les SUV consomment environ quatre fois plus d’énergie qu’une voiture de taille moyenne. D’après le rapport de l’AIE, les conducteurs de véhicules utilitaires sportifs seraient même responsables de la forte croissance de la demande de pétrole (estimée à 3,3 millions de barils par jour) entre 2010 et 2018. Par conséquent, les émissions des SUV viennent contrebalancer à elles seules les efforts technologiques investis dans les plus petites voitures, ainsi que les économies de carbone réalisées grâce aux véhicules électriques. D’après certains experts, si les conducteurs de SUV étaient une nation, ils se classeraient au septième rang mondial pour les émissions de carbone.

Interrogé par The Guardian, Florent Grelier – membre du groupe Transport & Environment – a déclaré que cette augmentation des émissions de carbone est en partie due au poids des véhicules : « Un SUV est plus gros, plus lourd, l’aérodynamique est médiocre, vous obtenez donc plus de CO2« . Leur dernier rapport montre en effet que la masse moyenne des voitures neuves a augmenté de 10% entre 2000 et 2016. Cela s’expliquerait notamment par le succès des SUV, par des boîtes de vitesses automatiques plus lourdes et à double embrayage et par l’inclusion d’autres équipements, comme des caméras et des capteurs.

À savoir que l’analyse des émissions n’a pris en compte que le carbone produit par la combustion de carburant, et non les émissions générées lors de la fabrication desdits véhicules. Or, les modèles plus grands sont également susceptibles de générer davantage d’émissions à la construction que les autres modèles. Pour une « décarbonisation » rapide du secteur automobile, divers objectifs et mesures doivent être mis en place dans l’UE, dont notamment une production accrue des véhicules électriques (qui ne représentent actuellement que 2 % des voitures neuves vendues en 2018), mais aussi une réduction du nombre de voitures privées sur les routes, en particulier dans les grandes villes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire