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Le monde tel qu’on le connaît peut-il s’effondrer avant 2030 ?

Muriel Lefevre

L’idée que notre civilisation fondée sur les énergies fossiles va s’écrouler au tournant des années 2030 semble gagner en ampleur. Qui sont ces  » collapsologues  » ou « effondristes » qui sont chaque jour plus nombreux ? Le journal Le Monde a mené l’enquête.

Pour les adeptes de la  » collapsologie « , soit l’étude de l’effondrement de nos systèmes alimentaires, énergétiques ou sanitaires, la fin du monde tel qu’on le connaît est proche.

Cette nouvelle science interdisciplinaire défend la thèse de l’effondrement brutal de notre civilisation industrielle. Celui-ci se traduirait par un chaos où il n’y aurait plus de véritables institutions et où les besoins de base tels que l’alimentation, l’eau ou encore le logement ne seraient plus disponibles, ou payables, pour la majorité de la population.

La collapsologie est un néologisme inventé par l’ingénieur agronome français Pablo Servigne et l’écoconseiller belge Raphaël Stevens. Ils l’ont popularisé à travers divers ouvrages, dont le Comment tout peut s’effondrer (aux éditions Seuil, en 2015). Au coeur de leur discours, qui compile des études, des faits ou encore des prospectives, on retrouve la crise environnementale et les limites de la croissance économique.

Les collapsologues ne croient plus en une transition écologique. Il est trop tard pour cela : nous aurions déjà atteint un point de non-retour. Pour les  » collapsologues  » , cet effondrement est même très proche puisque, toujours selon eux, il pourrait avoir lieu avant 2030. La situation est à ce point critique, qu’il suffirait d’une simple étincelle pour que le monde bascule. « Les déclencheurs possibles sont multiples « , affirme l’homme politique et mathématicien français, Yves Cochet, dans Le Monde. Cela peut être une crise financière plus importante que celle de 2008, la fin des énergies fossiles, ou encore un gros rot de méthane issu de la fonte du permafrost qui ferait augmenter d’un seul coup la température mondiale.

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Ce processus serait déjà en marche, « mais n’a pas encore atteint sa phase la plus critique et qui sera graduelle », estime Pablo Servigne . L’histoire a déjà montré que l’écroulement de civilisation se fait généralement sur plusieurs décennies. Il n’exclut cependant pas un effondrement brutal, tant la mondialisation de l’économie de l’information ou encore des ressources pourrait « accélérer et aggraver la dynamique de rupture  » dit-il encore dans Le Monde.

La chute étant à la fois imminente et inévitable, notre seule option serait dès lors de se préparer au mieux à l’après. Soit apprendre à amortir les conséquences du chaos annoncé et à vivre le plus sereinement possible avec. Car, et c’est la note d’espoir, les collapsologues sont aussi convaincus que c’est un cycle. La chute permettant de reconstruire une nouvelle et meilleure société. La collapsologie ne se veut en effet pas apocalyptique, mais préventive.

« Aujourd’hui, nous sommes des pantins rattachés au système par des fils dont nous sommes dépendants pour nous mouvoir et exister. Ces fils sont l’industrie agroalimentaire, les banques, internet, etc. S’ils se cassent, on meurt. Il faut donc apprendre dès aujourd’hui à se débrouiller sans », déclarait en décembre dernier Pablo Servigne. Soit développer une société composée de communautés locales et basée sur l’entraide, la décroissance et la résilience.

Le rapport Meadows

Leur idée n’est cependant pas une nouveauté puisqu’elle trouve ses origines dans les années 1970 et le rapport Meadows. Ce rapport de Donella et Dennis Meadows publié en 1972 par le Massachusets Institute of Technology (MIT) et intitulé The Limits to Growth (en français, Halte à la croissance) tirait déjà la sonnette d’alarme. En s’appuyant sur des modèles informatiques, il mettait en garde contre les défis environnementaux, économiques et sociaux qu’allait provoquer l’accélération de la croissance économique et démographique. L’exploitation toujours plus grande de ressources ferait qu’un jour celle-ci viendrait à manquer, provoquant dans la foulée un déclin inévitable de l’économie et/ou de la population.

Le changement par la honte

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Certains ont déjà pris le chemin du changement. Pour beaucoup, c’est un sentiment de honte qui les a poussés à changer de vie. « Comme plein de gens, je me disais que vivre, c’était finalement consommer  » dit, par exemple, Vanessa dans Le Monde. Si, dans un premier temps, ils se sont sentis oppressés face au constat d’un avenir si peu chantant, ils sont nombreux à avoir entamé, dans un second temps, ce qu’il qualifie souvent de renaissance. Avec une implication personnelle qui varie entre petits gestes aux quotidiens et changement de vie radical. Et pour certain avec comme Graal ultime le fait d’être complètement autonome. Tous ont cependant pour but de  » consommer moins et mieux » et de vivre plus sobrement.

A l’aube d’une nouvelle ère

Force est de constater que les dernières études vont plutôt dans leur sens. Plus grand monde ne peut aujourd’hui nier que la situation mondiale est effectivement inquiétante. Pour certains scientifiques nous serions même à l’aube d’une nouvelle ère baptisée l’anthropocène, où l’humanité (en consommant de façon effrénée, en devenant trop nombreux, en migrant en masse et en se basant sur des systèmes économiques trop fragiles) force notre planète à muter. La température ne cesse de grimper, il n’y a jamais eu autant de CO2 dans l’atmosphère et 60 % des vertébrés ont disparu ainsi que 75% des insectes volants rien qu’en Europe. De plus en plus de scientifiques parlent même d’une sixième extinction de masse. On conviendra que l’on a déjà lu des perspectives plus réjouissantes.

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