Le naufrage du navire italien Grande America. © AFP

« Grande America »: avec tractopelles et boudins flottants, La Rochelle est prête

Le Vif

Tractopelles, gants, produits absorbants et boudins flottants : à La Rochelle (Charente-Maritime), tout est prêt pour lutter contre une pollution qui menace les côtes après le naufrage du navire italien Grande America.

Sur le vieux port, le maire DVG de la ville Jean-François Fountaine regarde la mer en connaisseur. Pour cet ancien skippeur, qui a étudié les cartes météo, « la nappe arrivera mercredi, voire plus tard », dit-il à l’AFP.

Depuis mardi, lorsqu’a coulé ce navire hybride entre un roulier et un porte-conteneurs, deux nappes d’hydrocarbures dérivent vers les côtes de Gironde et de Charente-Maritime, deux départements placés en « pré-alerte » pour anticiper tout risque de pollution.

« Au niveau de la mairie », assure l’élu rochelais, « on a rassemblé des engins de voirie, camions, tractopelles, camions grue, matériel d’aspiration, produits absorbants ainsi que 150 agents municipaux compétents pour ce type d’intervention. Ils sont mobilisables dès que le plan Polmar Terre sera déclenché par la préfecture », dit-il.

La mairie a également passé une pré-commande d’équipements de protection individuels : gants, combinaisons, en se basant sur le scénario le plus dramatique.

En parallèle, elle a lancé un contrôle photo des plages pour pouvoir établir un point zéro avant la marée noire, pour les assurances. Des échantillons d’eau sont prélevés pour établir l’état sanitaire de la mer avant pollution et échantillons sont étudiés sous le contrôle de l’Agence régionale de santé.

Le port des Minimes, l’un des plus grands ports de plaisance d’Europe, a également « une vingtaine de personnels formés à lutter contre la pollution, sur 56 employés », assure Anne Fontanaud, sa responsable Qualité-Sécurité-Environnement.

« On a 200 mètres de barrages flottants, équipés d’une jupe qui contient bien la pollution, et 100 mètres de boudins flottants, un bateau de 7 mètres et cinq autres de travail, plus petits. Notre rôle est d’empêcher la pollution d’entrer dans le port mais si besoin, ils sont à disposition du plan Polmar Terre et pourraient servir pour le vieux port ou ailleurs ».

– La crainte des « boulettes » –

Dans cette région célèbre pour ses élevages d’huîtres, on prend aussi ses dispositions.

« On a nos stocks pour cette année et pour l’année prochaine qui sont en mer. On ne peut pas sortir les huîtres, on n’a pas de claires comme à Marennes-Oléron. La seule chose que l’on peut faire c’est en sortir une partie et la passer en bassin avec une eau propre », affirme Armand Bernard, ostréiculteur à Aytré qui élève aussi avec son petit-fils des huîtres en mer à la pointe du Grouin, sur l’île de Ré.

Mais il ne veut pas être inquiet : « C’est quand même pas l’Amoco », dit le sexagénaire à propos du pétrolier Amoco Cadiz dont le naufrage a provoqué une spectaculaire marée noire en Bretagne en 1978.

« La semaine prochaine, il va y avoir une grande marée puis du beau temps, cela devrait créer un vent de terre qui fait que cela ne touchera pas nos côtes », croit savoir M. Bernard, qui nettoie ses huîtres sur une table de travail.

« Tout dépendra du comportement de la pollution », renchérit Anne Fontanaud, « s’il s’agit d’une irisation de l’eau, de boulettes ou d’une nappe compacte », ajoute-t-elle.

Le maire de La Rochelle craint lui aussi les « boulettes » de pétrole et a déjà lancé des appels au ramassage des déchets sur lesquels elles pourraient se coller.

Quelques lycéens ont déjà, sans vraiment le savoir, répondu à l’appel. Sur la plage de galets près de la vieille ville, ils ramassent bouteilles, vieux bouts de filets de pêche, sacs en plastique.

Caline Daveau, la mère de l’un d’entre eux, les accompagne : « Quel avenir va t-on laisser pour nos enfants ? On va laisser une planète endommagée, polluée. Cette +marée noire+ est dramatique pour la nature, la faune. C’est un drame », dit-elle en plaidant pour que « nos enfants aient un avenir ».

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