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Glyphosate : l’alternative, c’est le changement des pratiques et non un produit remplaçant

Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de réelle alternative chimique au glyphosate, explique mardi Bruno Schiffers, responsable du laboratoire de phytopharmacie à la faculté d’agro-bio-tech de Gembloux (Université de Liège).

Pour cet agronome, la solution ne réside pas dans la recherche d’un remplaçant de cet herbicide controversé, mais dans l’utilisation d’autres techniques agricoles.

Le glyphosate est une susbtance active utilisée dans les herbicides aux « propriétés uniques, au prix modique et dont l’efficacité est remarquable, ce qui a fait son succès », souligne M. Schiffers. Les Etats membres de l’Union européenne ont prolongé lundi l’autorisation de ce produit à la nocivité controversée pour cinq ans.

Pour M. Schiffers, aucun produit ne peut remplacer le glyphosate. Un avis partagé par Michel De Proft, directeur scientifique de l’unité de protection des plantes du centre wallon de recherches agronomiques (C-RAW). « Un produit alternatif, avec les mêmes vertus et sans les défauts du glyphosate, n’existe pas. C’est une molécule unique », explique-t-il. Le glyphosate permet notamment « de libérer rapidement des terres pour resemer, (…) de sauver des récoltes dans des périodes très difficiles ».

M. Schiffers estime que la solution ne réside pas dans la recherche d’un remplaçant, mais dans l’utilisation d’autres techniques agricoles. La Belgique pourrait tout à fait se passer de l’utilisation de ce désherbant « car ce n’est pas un produit stratégique. Utiliser du glyphosate (…) relève plutôt du confort: c’est un produit pratique, pas cher et efficace », poursuit Bruno Schiffers. Bien souvent, d’autres techniques pourraient être mises en oeuvre, mais elles coûteraient plus cher.

Pour cultiver sans cette substance active, « tout le système de culture et de gestion, notamment des mauvaises herbes, doit changer », acquiesce M. De Proft. Ce dernier nuance toutefois: cultiver sans glyphosate signifierait « un retour du labourage, alors qu’il est décrié parce qu’il est énergivore et chamboule les terres ».

L’agriculture sans cette substance active est possible, « on l’a fait pendant des siècles mais ce sera moins facile et moins sûr », conclut-il.

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