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Et si… on supprimait le ticket de caisse ?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Recroquevillé au fond de notre portefeuille ou de notre poche, le ticket de caisse nous poursuit à chaque achat. Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Et si on refuse de l’emporter, c’est dans la poubelle qu’il finit, sans autre forme de procès. Jusqu’ici condamné à un bien triste sort, il serait désormais en voie d’extinction. C’est en tout cas ce que préconise une proposition de résolution déposée en octobre dernier au Sénat, toujours à l’examen. Mais pas de panique pour les nostalgiques du papier et ceux qui désirent conserver une preuve d’achat, ils pourront toujours, à leur demande, obtenir le précieux sésame, physiquement ou par courriel.

La proposition en question assure que la suppression des tickets permettra de faire des économies.  » Il faut acheter et remplacer les rouleaux de papier et les cartouches d’encre, sans compter qu’il faut également acheter les caisses et assurer leur entretien « , détaille le texte. Imprimer uniquement à la demande du client ? La pratique existe mais reste marginale. Résultat : des bandes kilométriques sortent chaque jour des magasins. Ainsi, selon plusieurs études menées en France, une boulangerie consommerait l’équivalent de six kilomètres de papier par an et un bureau de tabac 29 kilomètres. Mais le champion en la matière, c’est le supermarché : 848 kilomètres annuels, soit le trajet Bruxelles- Valence en voiture. Un réseau autoroutier que les écologistes ne portent pas dans leur coeur, l’argument phare en faveur de l’abandon de l’impression étant évidemment celui de la protection de l’environnement.

Une enquête de ParcelHero, service de commande de colis en ligne, estime que les commerçants britanniques délivrent chaque année 11,2 milliards de tickets de caisse, pour un coût de 32 millions de livres (36,9 millions d’euros) et un poids total de 7 300 tonnes de papier, nécessitant l’abattage de 87 000 arbres. Mais alors que la pollution numérique est de plus en plus décriée, un bout de papier est-il moins écologique qu’un email ? En réalité, pas vraiment.  » Un mail avec un ticket de caisse dématérialisé, c’est de l’ordre de cinq grammes de gaz à effet de serre et de trois centilitres d’eau. Pour le même ticket de caisse au format papier, on est plutôt sur deux grammes de gaz à effets de serre et cinq centilitres d’eau « , analyse Frédéric Bordage, spécialiste en numérique responsable. Dès lors, le raisonnement en faveur du climat fait  » plouf « . Mais c’est sans compter sur un élément absent de l’équation : les offres commerciales. En fournissant son adresse électronique en boutique, étape indispensable à l’envoi de la preuve d’achat digitale, personne n’est à l’abri d’un bombardement de pubs. A la clé, des inconvénients liés tant à l’utilisation des données personnelles qu’à la pollution numérique.

Enfin, outre le volet environnemental, l’argument de la santé pèse également dans le débat puisque le bisphénol A, un perturbateur endocrinien potentiellement dangereux, entre dans la composition du ticket tant décrié… qui pourrait par ailleurs subir les affres du système politique belge. Si les Régions sont compétentes pour le volet préventif de la proposition (pollution de l’environnement, recyclage), la protection du consommateur, elle, reste une compétence fédérale. Le ticket de caisse aurait-il encore de longs jours devant lui ?

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