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Des océans de plus en plus acides

Stagiaire Le Vif

Leitmotiv récurrent pour tous les écologistes, le combat contre les émissions de CO2 ne se limiterait plus seulement aux effets sur la qualité de l’air, mais s’étendrait également à celle de l’eau de mer.

Tout le CO2 émis lors de la combustion de pétrole, de charbon ou de gaz, ne reste pas dans l’atmosphère. D’après l’Unesco, près de 26% serait absorbé par les océans. La dissolution du CO2 dans l’eau de mer génèrerait la formation d’acide carbonique, facteur responsable de l’acidification de l’eau. Ainsi, depuis le début du développement industriel au XIXe siècle, l’acidité des océans aurait augmenté de près de 30%. Ce qui revient à dire que le pH de l’océan a baissé de 0,1 unité en 200 ans.

Vers des disparitions d’espèces ?

Selon des simulations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), si les émissions de gaz carbonique se poursuivent au même rythme, l’acidité des océans pourrait même plus que doubler d’ici 2100. Le pH dans les eaux de surface des océans diminuant encore de 0,3 à 0,5 unité d’ici là. De quoi préoccuper bon nombre de scientifiques, comme les Canadiens du MPO, qui s’intéressent de plus en plus à ce problème longtemps occulté. D’autant que, dans le deuxième volet de son 5e rapport paru en juillet dernier, le Giec précise pour la première fois l’impact de l’acidification des océans sur les organismes marins, rapporte France Info.

Les premières victimes de cette acidification seraient les organismes dotés de squelette ou de coquille calcaire, à l’instar des coraux, des moules ou encore des huitres, qui ne trouveraient plus les ions carbonates (CaCO3) nécessaires à la fabrication de leur coquille ou de leur squelette. Un vrai drame lorsque l’on sait que certains récifs tropicaux peuvent abriter jusqu’à 1.000 espèces par m².

Par effet papillon, les poissons seraient aussi indirectement touchés dans un premier temps ; même chose pour le plancton ou le zooplancton, base du réseau alimentaire marin. Mais d’autres études indiquent que les poissons pourraient également subir des répercussions physiologiques et que leur système sensoriel pourrait en pâtir, les rendant plus vulnérables face aux prédateurs en tout genre. Car les prédateurs marins eux-mêmes pourraient être touchés.

Des comportements chamboulés

Pour preuve : la revue scientifique Global Change Biology expose l’expérience d’une équipe de recherche qui a placé des requins dans des bassins contenant de l’eau avec les teneurs actuelles de CO2 durant cinq jours. D’autres ont été mis en présence de concentrations de dioxyde de carbone plus élevées, telles qu’elles sont prédites pour la moitié et la fin de ce siècle, reprend le Soir. Les requins exposés aux plus hauts niveaux de CO2 se sont tous révélés moins agressifs en présence de proie et été moins agressifs lors des quelques attaques menées contre ces pseudos-proies.

Pour prévoir les effets de l’acidification sur le monde marin, d’autres chercheurs se sont aussi penchés sur des sites où l’eau était naturellement plus acide.

Au large de l’île d’Ischia près de Naples, en Italie, ou encore près de Papouasie-Nouvelle Guinée, des sources naturelles de CO2 acidifient l’eau naturellement. Dans ces zones, la quasi-totalité des espèces de coraux a disparu ; 30 % de l’ensemble des espèces sont absents. Dans le récif corallien de Papouasie-Nouvelle Guinée, les animaux seraient même attirés par leurs prédateurs, dont ils évitent en général l’odeur, relevait le professeur Philip Munday, de l’université australienne James Cook, à l’AFP. « Ils nageaient par ailleurs plus loin de leur abri, ils étaient plus actifs (…), accroissant ainsi le risque pour leur survie car ils sont plus facilement repérables par un prédateur », a ajouté le scientifique, dont l’étude est publiée lundi 14 avril dernier dans la revue Nature Climate Change.

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