© Getty Images/iStockphoto

Dans les deltas, l’eau des campagnes menacée par les mégalopoles

Le Vif

Les énormes besoins en eau de Dacca polluent, voire empoisonnent, les réserves d’eau des campagnes environnantes, alerte une étude, qui met en garde contre des phénomènes similaires autour des mégalopoles des grands deltas.

Selon cette étude, l’eau, contaminée à l’arsenic, descend désormais bien plus en profondeur dans les nappes. Ce qui pose particulièrement problème dans les zones rurales, où le traitement des eaux est défaillant.

Au Bangladesh, la contamination remonte aux années 70 quand le gouvernement fit creuser des puits peu profonds pour desservir les villages, sans réaliser que les sols étaient imprégnés d’arsenic à l’état naturel. On estime que plus de 40.000 personnes en meurent chaque année (cancers, pathologies cardiaques), essentiellement en secteur rural.

Après cette découverte, des puits de plus grande profondeur ont été creusés pour extraire l’eau de sols non contaminés.

Mais aujourd’hui la situation pourrait se dégrader encore, au point de voir toutes les nappes polluées « dans la décennie », soulignent les chercheurs dans la revue Nature Communications.

Qu’il s’agisse d’arsenic ou d’autres polluants, le phénomène peut se reproduire dans d’autres deltas, préviennent-ils.

« Dans de nombreux deltas et bassins densément peuplés, les ressources en eau sont sous pression et la pollution de surface étendue », souligne l’équipe, dirigée par Holly Michael de l’Université du Delaware.

« Pomper l’eau toujours plus pour approvisionner les mégalopoles menace la sûreté des nappes souterraines en entraînant les contaminants en profondeur, jusque dans des territoires à des dizaines de kilomètres de la ville », notent les auteurs.

Ces recherches se basent sur des données régionales et un nouveau modèle destiné à mesurer l’impact des écoulements d’eau sur les aquifères, très particuliers, dans les régions de deltas.

Selon leurs conclusions, les besoins croissants de Dacca ont, en 50 ans, fait baisser de 60 mètres le niveau des réserves souterraines situées autour de la capitale, entraînant aussi la descente des eaux contaminées. Et les niveaux d’eau continuent à perdre quelque 3 m par an dans certains secteurs de la ville.

Jusqu’ici « peu d’attention a été prêtée aux impacts potentiellement catastrophiques sur la ressource en eau » des territoires ruraux, pointe l’étude, qui évoque aussi les facteurs aggravants du climat et de la pression démographique.

Un demi-milliard d’humains vivent dans une cinquantaine de deltas de par le monde, la plupart installés dans de gigantesques métropoles.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire