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COP21: « Un objectif ambitieux mais des efforts nationaux faibles »

Les ONG Greenpeace et WWF saluent l’objectif repris dans le projet final d’accord climatique mondial, négocié à Paris dans le cadre de la COP21, se réjouissant de la volonté affichée de contenir le réchauffement climatique « bien en-deçà de 2°C » avec des efforts supplémentaires pour limiter la hausse du mercure à 1,5°C.

« Pour la première fois, l’ensemble des pays agiront pour freiner les émissions de gaz à effet de serre », réagit Greenpeace, évoquant une « bonne nouvelle ». La mauvaise nouvelle, nuance l’ONG environnementale, c’est que « les plans nationaux en matière de climat – qui doivent transposer l’accord dans la pratique – accusent un retard désespérant ».

« D’une part, il y a un objectif ambitieux mais de l’autre, on se trouve confrontés à des plans nationaux faibles qui doivent transposer l’accord de Paris dans la réalité. Avec les plans actuellement sur la table, le réchauffement sera de l’ordre de 3°C », souligne Juliette Boulet, responsable Climat à Greenpeace Belgique.

Greenpeace rappelle que pour atteindre l’objectif d’1,5°C, il faut laisser « autant que possible » le charbon, le pétrole et le gaz enfouis dans le sol et passer totalement aux énergies renouvelables au plus tard en 2050.

De son côté, le WWF parle d’un « signal fort » adressé aux gouvernements avec la référence à 1,5°C. Par contre, le fait qu’il n’y ait « pas de garantie d’assistance pour ceux qui souffriront des impacts climatiques immédiats, spécialement les pauvres et les vulnérables » est un gros problème aux yeux de l’association de protection de la vie sauvage. « L’accord contient des éléments qui créent l’opportunité de renforcer avec le temps les actions des gouvernements, en termes d’atténuation, d’adaptation et de financement. C’est essentiel », conclut le WWF.

« C’est surtout la mise en oeuvre qui sera importante » (The Shift)

C’est désormais surtout la concrétisation sur le terrain des décisions de Paris qui sera importante, a réagi samedi The Shift, la plate-forme belge du développement durable, qui a fait pression notamment ces derniers mois sur les personnalités politiques dans le cadre de l’accord climatique belge.

« On attend encore les textes, mais tout laisse à penser qu’il pourrait s’agir d’un accord ambitieux », explique David Leyssens, de The Shift. « C’est en tout cas remarquable et unique qu’un accord international et contraignant ait été conclu entre 195 pays pour sauver notre planète. » Selon lui, le succès de cette COP21 dépendra toutefois de l’application de l’accord par les Etats.

« Le signal que nous espérons est que notre niveau de politique national montre la marche à suivre et que l’on montre aussi en Belgique qu’il y a une volonté de modifier notre modèle économique et communautaire pour atteindre cet objectif. En 2009, il y avait une directive jusqu’à 2020, mais sur cette période de 11 ans, six années ont été le théâtre de chamailleries pour savoir qui fait quoi. Nous espérons que nous ne devrons pas attendre jusqu’en 2021 pour voir les ambitions de Paris traduites en plans d’action belges. »

La classe politique n’est pas la seule à jouer un rôle dans ce projet, ajoute The Shift. « Nous constatons que de nombreuses entreprises se montrent très enthousiastes, il y a même eu quelques déclarations d’entreprises pendant la COP21. Mais il y a également une dynamique fantastique au niveau communal, notamment à Gand et Louvain, et auprès d’autres acteurs ».

« Une boîte vide avec un beau ruban tout autour » (Climate Express)

L’accord climatique est une boîte vide entourée d’un beau ruban: il y a un fossé entre les belles déclarations d’un côté et les engagements et actions de l’autre, a indiqué samedi le mouvement Climate Express.

« On évoque l’ambition de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés et d’oeuvrer pour atteindre 1,5 degré, mais il n’y aucun discours concret sur la manière d’y arriver », regrette Nathalie Eggermont, de Climate Express. « Nous espérions que des engagements concrets seraient proposés afin d’arriver à 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050. Aujourd’hui, on n’évoque qu’un objectif sur le long terme qui est incompatible avec ce qu’il va se passer dans la réalité. »

Selon Climate Express, les engagements et propositions mises sur la table par les Etats aboutissent à une augmentation du réchauffement de 2,7 degrés. « Nous sommes déçus de nos prétendus leaders qui se sont réunis, les vrais leaders ne se trouvent pas au Bourget mais dans la rue à Paris. Nous nous attendions à ce que l’accord soit insuffisant, d’où l’importante mobilisation. »

Le mouvement regrette par ailleurs le caractère non contraignant des engagements pris par les Etats au niveau national. « Alors que nous voyons que dans d’autres domaines, comme le commerce, c’est pourtant le cas et qu’il y a même des sanctions prévues. Le climat ne bénéficie décidément pas de la même priorité que les intérêts économiques internationaux. » Environ 300 Belges ont participé samedi à diverses actions organisées à Paris.

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