Illustration. © Reuters

Climat : des scientifiques remettent en question leur propre empreinte carbone

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Le monde scientifique se remet en question et tente de réduire l’empreinte carbone de son activité. En commençant par réduire les déplacements inutiles en avion, légion dans le milieu.

L’origine du réchauffement climatique ne fait plus de doute au sein de la communauté scientifique. Ce sont les humains qui en sont responsables, et du coup, les scientifiques qui étudient le phénomène. Le paradoxe des scientifiques qui tirent la sonnette d’alarme sur le réchauffement climatique est qu’ils y contribuent eux-mêmes de manière significative pour leurs recherches et lors de grands congrès, raporte Reporterre. Il n’est en effet pas rare de voir des colloques internationaux rassemblant des milliers de scientifiques qui s’y rendent en avion. Le moyen de transport polluant par excellence.

Mais comme tout un chacun, ces scientifiques prennent peu à peu conscience de cette contradiction liée à leur fonction et cherchent des solutions pour réduire leur empreinte carbone et celle de leurs laboratoires.

Pionnier en la matière, le Tyndall Centre for Climate Change Research, une organisation scientifique basée au Royaume-Uni, a développé « une culture de la recherche bas-carbone pour le XXIe siècle », relate Reporterre. Mais d’autres initiatives voient le jour, tel que No Fly Climate Sci, un collectif qui regroupe les scientifiques et/ou citoyens qui ont décidé de ne plus ou de moins prendre l’avion.

Peter Kalmus, fondateur de No Fly Climate Sci, confesse lui-même qu’il a pris conscience à un moment donné qu’un grand nombre des colloques auxquels ils se rendaient en avion n’avait que peu d’intérêt. « Je trouve qu’en joignant le geste à la parole, je suis capable de transmettre mon message d’urgence climatique beaucoup plus efficacement que je ne pourrais le faire autrement », explique-t-il aujourd’hui.

En France, certains laboratoires tentent d’adopter une « culture bas-carbone » dans leurs recherches et de diminuer leur empreinte là où il est possible de le faire. Certains scientifiques témoignent d’une prise de conscience et d’une nécessité d’adapter leurs pratiques au moment de la parution du dernier rapport du Giec en automne dernier.

« L’alerte était là depuis longtemps, mais ce qui a changé avec ce rapport, c’est qu’il démontre implacablement que si on veut rester dans une gamme de changements climatiques non extrêmement destructibles pour les humains et l’ensemble des écosystèmes, il faut changer de trajectoire d’ici 2030. C’est demain ! », estime Claire Lévy ingénieure de recherche au CNRS.

« Peut-être qu’on a fait le deuil d’un grand accord climatique qui permettrait de régler les choses d’en haut, déplore Xavier Capet, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). D’où la nécessité d’agir maintenant. On connaît la limite des échelles individuelles pour agir sur des problèmes globaux, mais il y a tout un tas d’échelles intermédiaires qui peuvent vraiment engager la transition : l’échelle des laboratoires en fait partie. »

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