© reuters

Cinquante ans après sa découverte, le compost magique de Jean Pain fait toujours recette

Stagiaire Le Vif

Trente ans après sa mort, Jean Pain aurait pu tomber dans l’oubli. Mais une petite vidéo sur YouTube a remis au goût du jour sa méthode de chauffage par compost.

Par -35°C, Vincent Leblanc arrive à faire pousser des légumes sans dépenser quoi que ce soit en énergie. Au Canada où il vit, cet exploit fait vite parler de lui. Pourtant, Vincent Leblanc n’a rien inventé. Son inspiration, il l’a puisée dans l’aquaponie inventée par les Aztèques, et surtout, dans ce qu’il surnomme « la méthode Jean Pain ».

De la Provence à la Belgique

Aujourd’hui décédé, le Français Jean Pain a longtemps vécu en Provence, où il s’occupait d’une forêt. Dans les années soixante, celle-ci se retrouve directement menacée par les incendies qui ravagent la région. Pour éviter de voir ses arbres brûler, Jean Pain décide de les débroussailler. Ce bois recueilli, il le trempe dans une mare avant de le réduire en petits copeaux. Comme il l’explique dans une vidéo postée sur YouTube, en allemand et de qualité franchement médiocre, il espère grâce à l’eau favoriser la prolifération de bactéries. Avec la chaleur produite par celles-ci, il compte faire pousser des légumes et qui sait, peut-être aussi chauffer sa maison. Le méthane dégagé par ce compost innovant, servira même à faire rouler sa 2CV. Aussi simple soit-elle, la méthode fonctionne. Ses plants de tomates de trois mètres de haut qui ne nécessitent aucun arrosage ne tardent d’ailleurs pas à attiser la curiosité des uns et des autres.

Parmi ces admirateurs, il y a Armand Ell. Le Belge importe la méthode jusque dans le parc bruxellois de Schaerbeek. Il y fait pousser vignes et légumes grâce à des copeaux de bois, et obtient à son tour de très bons résultats. D’autres Belges reproduisent cette technique, si bien que c’est en Belgique, et non en France, que Jean Pain demandera la création d’un comité à son nom. Celui-ci existe toujours malgré la mort du créateur il y a plus de trente ans. Longtemps réservée aux connaisseurs, la méthode Jean Pain s’est faite connaître par un article de Reader’s Digest, traduit en 16 langues. Aujourd’hui, elle est principalement utilisée au Canada, en Belgique, et en France. Elle sert surtout à la culture de légumes, son application pour les particuliers étant très difficile à mettre en oeuvre : pour chauffer une maison, il faudrait l’équivalent de son volume en bois…

Des tomates toute l’année

Les fermiers, séduits par le concept, sont de plus en plus nombreux à entasser le bois près de leurs cultures. Rue89 est remonté jusqu’à un nom, celui de Gaelan Brown, qui installe des systèmes à la Jean Pain chez les agriculteurs du Canada… et aussi dans des lieux plus insolites, à l’image de l’Université du Vermont. Gaelan Brown s’est lui-même inspiré de la fameuse vidéo YouTube, publiée en juillet 2008.Comme ne manque pas de le rappeler Rue89, la vidéo est l’un des principaux outils de diffusion du modèle. En témoigne celle postée par Wen Rolland, un ancien informaticien reconverti en agriculteur. Dans le jardin collectif dont il a la charge, il a installé (et filmé) un tas de compost qui permet à ses cultures de pousser comme il se doit. La récolte est ensuite redistribuée parmi les participants.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Sur son blog, Wen Rolland estime que cette méthode pourrait servir à plus grande échelle à assurer la sécurité alimentaire. Elle permet en effet de cultiver de grandes quantités de légumes, et ce, toute l’année. Dans la serre canadienne de Vincent Leblanc par exemple, il fait jusqu’à soixante degrés de plus qu’à l’extérieur, et ce, sans que son propriétaire n’ait à sortir un sou de sa poche. Le compost, en dépit des quantités d’eau utilisées pour sa production, serait aussi écologique. Il permettrait notamment d’éliminer des cultures pesticides et engrais chimique.

Perrine Signoret

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire