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Ces fascinantes méduses

Muriel Lefevre

La méduse composée à 98% d’eau n’a ni carapace, ni yeux, ni sang. Elle n’est même pas agressive puisqu’elle n’a pas de cerveau. Pourtant, elle est promesse de vacances gâchées et terrorise nombre de baigneurs. Elle n’en est pas moins fascinante.

Jusque dans les années 2000, on parlait d’année « avec » ou « sans » méduses. Il n’était pas rare de citer des cycles pouvant aller jusqu’à 12 ans. Aujourd’hui, les méduses sont présentes en masses sur les côtes de Méditerranée et d’Europe pratiquement chaque année. Bien qu’elles existent depuis plus de cinq cents millions d’années, on observe effectivement une recrudescence depuis les années 1980. Mais celle-ci est difficilement quantifiable par manque de données suffisamment fiables. Par ailleurs, il se peut que l’on se trouve face à un cycle de prolifération classique, car, et depuis des millions d’années, le nombre de méduses fluctue sans cesse dans nos océans. Cela n’empêche pas certains scientifiques de parler aujourd’hui de « gélification » de l’océan, pour évoquer « la multiplication de plancton dérivant en masse flasque et bouillon urticant au gré des courants », dit Le Monde qui lui consacre une série de l’été.

Ces fascinantes méduses
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Ces sortes d’estomacs sur tentacules dérivant dans l’océan sont peut-être rustiques, ils n’en sont pas moins doués d’une capacité de reproduction phénoménale. Les méduses étaient l’un des premiers organismes multicellulaires présents sur la Terre. Elles étaient là plusieurs dizaines de millions d’années avant les poissons et l’évolution animale qui a suivi. Il faut dire que ce plancton gélatineux a de quoi se défendre. Il « pique tous ceux qu’il croise et sans aucun discernement » précise encore Le monde. Pourtant ce n’est pas par agressivité ou par goût de conquête puisqu’elle n’a pas de cerveau. Et s’il arrive à la méduse de s’aventurer devant nos côtes et de pourrir nos baignades, c’est parce qu’elle a été portée là par les vents modérés et les courants. Car au fond, elle, ce qu’elle préfère, c’est de flotter au large et dans les profondeurs.

Pas à s’inquiéter pour son avenir

Contrairement à d’autres organismes vivants, la méduse n’a pas à s’inquiéter de son avenir. Elle se fout du réchauffement climatique, de l’acidification de l’océan, de la diminution de l’oxygène dans l’eau ou encore de l’explosion du transport maritime et du bétonnage de son espace de vie. Mieux : son support préféré pour sa reproduction semble être le plastique : autant dire qu’elle est gâtée avec la soupe de plastique qui servirait de véritable nurserie.

Comment s’en débarrasser ?

Il n’existe pas de solution idéale. On a par exemple tenté de les hacher avec des robots, mais cela a seulement transformé l’océan en « soupe urticante » et in fine favorisé la multiplication de jeunes méduses. Des filets ont également été installés pour les tenir à distance, mais cela risque sur le long terme de juste détacher leurs tentacules qui continueront à sécréter leur mucus urticant voire de servir de pouponnière pour une génération future.

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Nous les humains nous l’aidons aussi directement. Par la surpêche, on élimine ses prédateurs naturels et ceux avec qui elle doit d’habitude partager sa pitance. Un exemple flagrant est celui de la Namibie. « On y pêchait encore 2 millions de tonnes de sardines en 1968, et 800 000 tonnes de merlus en 1982. Puis, de 14 à 40 millions de tonnes de méduses leur ont succédé et les petits poissons ont presque disparu ainsi que les oiseaux qui les mangeaient », dit encore Le Monde.

Enfin la méduse elle-même fait preuve de souplesse puisqu’elle s’adapte rapidement à son environnement. « Les méduses peuvent faire des millions et des millions de clones d’elles-mêmes de manière asexuée. Un mécanisme qui a permis aux méduses de survivre depuis des centaines de millions d’années » précise Lucas Brotz, chercheur à University of British Columbia dans The Guardian.

les méduses ne sont pas seulement une plaie pour les baigneurs. Elles pourrissent aussi la vie des pêcheurs. Les méduses se prennent dans les filets des pêcheurs. Il est même arrivé que leur poids fasse basculer un chalutier en mer de Chine. Les méduses « s’attaquent » aussi aux élevages de poisson voire bouchent les prises d’eau de refroidissement des centrales nucléaires.

Les méduses tueuses

La méduse a beau ressembler à un tas de gélatine, elle a tout de même un système de défense et de chasse très performant. Premièrement, elle ne mord pas, elle pique. Les lésions urticantes qu’elles provoquent rappellent celles des orties, mais résultent de mécanismes complètement différents. Les méduses possèdent sur leurs tentacules et sur certaines autres zones de leur organisme de petites poches, les nématocystes, qui libèrent au moindre contact des épines remplies elles-mêmes de substances irritantes ou même franchement toxiques. Ce mini harpon qui injecte du venin à la vitesse la plus rapide observée dans le monde animal, peut servir plusieurs fois puisqu’il se renouvelle à la demande et reste actif même la méduse échouée sur la plage. Les orties, elles, sont recouvertes de petits poils creux, pointus et surtout très fragiles qui se brisent très facilement lorsqu’on les touche et peuvent alors libérer des substances irritantes directement dans la peau.

Ces fascinantes méduses

Il y aurait plus de 1.000 espèces de méduses recensées à travers le monde. Certaines ne dépassent pas deux millimètres alors que d’autres peuvent atteindre les deux mètres de circonférence avec des tentacules de trente mètres de long. Elles sont présentes partout, même en eaux douces. Si leur piqûre peut être douloureuse, elle est cependant rarement mortelle.

À l’exception des exemples cités ci-dessous:

– Keesingia gigas (côtes australiennes)

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– La méduse-boîte ( principalement sur les côtes australiennes)

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– La méduse Irukandji. Elle ne fait que 2 à 3 centimètres de diamètre et vit le long de certaines côtes australiennes.

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– La Physalie ou galère portugaise et parfois aussi appelée « Vessie de mer », peut atteindre 50 mètres de long et ressemble à une bulle de chewing-gum mauve. Ceci dit, ce n’est pas à proprement parler une méduse, mais bien un siphonophore. On la retrouve dans les océans Atlantique, Pacifique et Indien. Si elle est rarement mortelle, ses piqûres restent extrêment douloureuses.

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Plus près de chez nous, les piqûres restent encore assez sporadiques, car les deux espèces les plus courantes sous nos latitudes – la méduse commune ou aurélie et la variante atlantique du rhizostome – sont parfaitement inoffensives et non urticantes. Il n’est cependant pas impossible de se retrouver confronté à une méduse à crinière de lion que l’on retrouve dans le Pacifique, la mer baltique et la mer du Nord.

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Des baigneurs ont notamment été hospitalisés en Écosse et ses piqûres peuvent se révéler dans certains cas mortels. En Méditerranée, on retrouve plutôt la Pelagia noctiluca.

Comment réagir en cas de piqûre ?

On rince immédiatement la piqûre à l’eau de mer. On peut aussi le faire avec du vinaigre ou avec une pâte à base de bicarbonate. Cela empêche les cellules de disperser leur venin. Une solution à base de lidocaïne antalgique est également très efficace contre bon nombre de piqûres. On peut aussi maintenir la partie touchée dans une eau à 40 °C pendant quarante minutes pour limiter l’action de la toxine. D’après des recherches récentes, la chaleur (eau chaude, hot-pack, compresses…) désactiverait en effet une bonne partie des substances toxiques libérées par les méduses. Cet effet n’a toutefois pas encore été confirmé pour les espèces qui se rencontrent sur la côte belge. Si l’on a été piqué par une méduse à crinière de lion, c’est par contre le froid (cold-pack ou glace) qui semble le plus efficace. On oublie par contre le Coca-Cola, l’eau douce, l’alcool et l’urine qui risquent seulement d’infecter la plaie. On évitera aussi de gratter la peau avec du sable ou une carte de banque.

Pourquoi ne pas la manger ?

L’idée n’est pas si farfelue et pourrait même être une solution d’avenir puisque les méduses sont disponibles à profusion, riches en Vitamines B1 et B2 et comptent seulement 31 calories pour 100 grammes. Autant d’arguments qui pourraient en faire la nourriture du futur.

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