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Biodiversité: le monde face à un « anéantissement biologique » des espèces

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Notre planète est en train de vivre une destruction de sa biodiversité plus rapide que prévue, notamment à cause des activités de l’être humain, révèle une étude alarmante.

Une étude publiée cette semaine dans le Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) intitulée « l’anéantissement biologique par la sixième extinction de masse signalée par les pertes et les déclins des populations de vertébrés » tire la sonnette d’alarme concernant la biodiversité sur planète.

Déclin des animaux sauvages

Les chercheurs ont cartographié 27.600 espèces d’oiseaux, d’amphibiens, de mammifères et de reptiles, soit près de la moitié des espèces de vertébrés terrestres. Ils ont analysé les baisses de population dans un échantillon de 177 espèces de mammifères de 1900 à 2015.

Il en ressort que 30% des espèces de vertébrés sont en déclin au niveau de leur population, de leur taille et de leurs répartitions géographiques. Sur les 177 mammifères étudiés, tous ont perdu au moins 30% de leurs aires géographiques et plus de 40% en ont perdu plus de 80%.

Les mammifères d’Asie du Sud et du Sud-Est sont particulièrement touchés: toutes les espèces de gros mammifères analysées y ont perdu plus de 80% de leur aire géographique. Environ 40% des mammifères (rhinocéros, orangs-outangs, gorilles, grands félins) survivent désormais sur 20%, voire moins, des territoires sur lesquels ils vivaient autrefois. Le déclin des animaux sauvages est attribué principalement à la disparition de leur habitat, à la surconsommation des ressources, la pollution ou le développement d’espèces invasives et de maladies. Le changement climatique pourrait aussi y contribuer de plus en plus.

Pire que prévu

Leur conclusion est inquiétante : la « sixième extinction de masse » sur notre planète est bien pire que ce qu’on pensait. Le mouvement s’est récemment accéléré. « Plusieurs espèces d’animaux qui étaient relativement en sécurité il y a dix ou vingt ans« , comme les lions et les girafes, « sont désormais en danger« , selon l’étude.

Pour Rodolfo Dirzo et Paul Ehrlich, du Stanford Woods Institute for the Environment, et Gerardo Ceballos, de la National Autonomous University of Mexico, auteurs de l’article scientifique, il s’agit d’une érosion «  massive de la plus grande diversité biologique de l’histoire de la terre « . Pour Ceballos, il s’agit même d’un « prélude à la disparition de nombreuses autres espèces et au déclin des écosystèmes qui rendent la civilisation possible« .

Pour les scientifiques, il y a urgence. Il ne faut plus attendre pour remédier aux dommages causés à la biodiversité. Et il nous reste peu de temps pour entreprendre une action efficace, « probablement deux ou trois décennies » maximum. Pour Dirzo, « l’anéantissement biologique se produit au niveau global, même si les espèces auxquelles appartiennent ces populations (ndrl : celles étudiées) sont encore présentes quelque part sur la Terre « .

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