Un champ de coquelicots dans le Brabant wallon. © Caroline Lallemand

Biodiversité: la revanche du coquelicot

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Les coquelicots signent leur grand retour dans les champs, souvent accompagnés de bleuets. Après avoir été éradiquée par les herbicides pendant des décennies, cette fleur fragile et éphémère est devenue le symbole de la biodiversité.

Le coquelicot n’est pas que sur les lèvres de nos politiciens belges avec la proposition la semaine dernière par Jean-Marc Nollet d’une coalition PS-Ecolo du nom de cette fleur des champs en Wallonie. Le coquelicot fait aussi parler de lui dans le secteur agricole tout comme il émerveille les passants qui peuvent l’admirer en nombre à cette saison aux abords des routes de campagne ou parsemé par milliers dans les champs, souvent accompagné de bleuets. Cette fleur est fragile – elle se fane en effet très vite – et il est conseillé de ne pas la cueillir vu son aspect éphémère.

Bien qu’inoffensif pour la plupart des cultures, le coquelicot a été éliminé pendant des décennies à coup d’herbicides, sur le principe que tout ce qui n’est pas exploitable dans une culture doit être banni. Son retour en force est le signe d’un usage plus modéré des produits chimiques dans l’agriculture. Le coquelicot est ainsi devenu le symbole de la biodiversité attaquée par l’agriculture intensive.

Cette fleur des champs est en réalité considérée à l’instar du chiendent ou du liseron, comme une mauvaise herbe, une « adventice » pour les initiés. Ce terme désigne pour les agriculteurs et les jardiniers une plante qui pousse dans un endroit sans y avoir été intentionnellement installée. Il s’agit d’une espèce en concurrence avec la monoculture pratiquée, qui amène à des pertes de rendement plus ou moins importantes, surtout l’année suivante, lorsque les graines se sont disséminées, explique le Journal du Dimanche sur son site.

Cette fleur de la famille des pavots pose problème à la récolte, poursuit le quotidien. « Sa graine n’a rien à faire dans la production du pain« , explique un agriculteur. Un tri doit donc obligatoirement être effectué par la moissonneuse-batteuse, puis par un séparateur de graines. Pour la culture des betteraves, par contre, la plante ne pose aucun problème particulier.

Une espèce parapluie

Mais cet inconvénient est contrebalancé par les nombreuses qualités intrinsèques de cette mauvaise herbe rouge vif. Les coquelicots sont en effet de précieuses ressources pour les abeilles domestiques et les pollinisateurs sauvages. Les oiseaux granivores et les papillons s’en servent également à bon escient, certains papillons y abritent leurs chenilles. Le coquelicot sert aussi d’abri pour les coccinelles, qui iront ensuite lutter naturellement contre les pucerons des cultures voisines.

La fleur est en résumé une espèce parapluie bien utile car elle permet de sauver les autres, une qualité qui en a fait un étendard champêtre. Le botaniste Gilles Clément interviewé par le JDD déclare à son sujet: « C’est un emblème puissant, à l’aspect révolutionnaire. Ce rouge qu’on voit de partout, qui s’exprime avec une violence et une force énormes, veut dire bien d’autres choses. Ça signifie arrêtons les conneries, arrêtons de tuer : nous voulons la diversité, nous voulons la vie.« 

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