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Aux îles Kiribati, des projets « fous » pour lutter contre les effets du réchauffement

Le Vif

Iles flottantes géantes, digues aux allures de forteresses, migration massive: le président des îles Kiribati, Anote Tong, a des projets « fous » pour sauver son pays, menacé d’être rayé de la carte par la montée des eaux du Pacifique due au réchauffement climatique.

La hausse du niveau des océans va submerger de nombreuses îles dans le monde et les 33 îles des Kiribati, situées à deux mètres à peine au-dessus du niveau de la mer, pourraient être parmi les premières à être balayées, ont averti les scientifiques.

Le président des Kiribati est en France cette semaine pour essayer de convaincre les négociateurs à la conférence de Paris sur le climat de conclure un accord ambitieux pour limiter le réchauffement. Il se prépare néanmoins au pire.

« Je suis sûr que vous pensez que je suis fou, mais la situation est folle », a déclaré Anote Tong à l’AFP en marge de la conférence, exposant quelques-uns de ses projets pour les 100.000 habitants de son pays.

Il admet que ses projets peuvent sembler « quelque peu radicaux » mais, ajoute-t-il, « je vous assure qu’ils ne le sont pas. Ils sont aussi réalistes que possible ».

Parmi eux figure la construction d’îles flottantes qui pourraient accueillir jusqu’à 30.000 personnes pendant un siècle.

Des ingénieurs japonais se sont rendus aux Kiribati, situées à mi-chemin entre l’Australie et Hawaï, pour promouvoir ce qui peut apparaître comme un projet de science-fiction.

Premier pays flottant du monde

« La question est: avons-nous le choix ? », lance M. Tong, interrogé sur le sérieux de ce projet de créer le premier pays flottant du monde.

« C’est radical, sans précédent », a-t-il admis. Mais « j’ai peur que ce soient les seules options possibles pour nous ».

Ces îles flottantes, avec leurs gratte-ciel et leurs installations de villégiature, coûteraient des centaines de milliards de dollars, et le président des Kiribati a bien compris qu’elles ne verront pas le jour de sitôt, si elles le voient un jour.

Pour des solutions plus rapides et moins chères, M. Tong s’est adressé à des experts des Pays-Bas, des Emirats arabes unis et de Corée du Sud, afin de renforcer la protection des Kiribati contre l’inexorable montée des eaux.

Parmi les options figurent la construction de digues, la « récupération de terres » sur la mer et la construction d’îles artificielles avec du sable tiré des fonds marins.

Mais même ces solutions coûtent des centaines de millions de dollars, une somme excessive pour les Kiribati sans aide extérieure.

Le président Tong envisage aussi un plan de « migration dans la dignité » et y prépare les habitants des Kiribati, pour la plupart de modestes pêcheurs.

Il faut qu’ils soient « préparés, éduqués, qualifiés selon les critères internationaux pour qu’ils puissent entamer dès maintenant leur processus de déplacement, par choix » et ne pas y être contraints « au dernier moment », a souligné M. Tong.

Des marées géantes inondent déjà régulièrement les îles, détruisant des terres agricoles et forçant les habitants à se replier vers l’intérieur des terres, à une altitude plus élevée.

Les îles Kiribati ont acheté 2.000 hectares de terres agricoles aux Fidji pour maintenir leur approvisionnement en nourriture et pour qu’elles puissent éventuellement accueillir des habitants de Kiribati.

La hausse du niveau des mers résulte de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires du fait du réchauffement, lui-même provoqué par les gaz à effet de serre émis par la combustion d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).

Autre sujet de préoccupation pour le président Tong: les îles Kiribati sont frappées depuis quelques années par des phénomènes météo comme des tempêtes d’une violence sans précédent.

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