Oasis dans le désert du Sahara. © iStock

50% des terres de la planète « épargnées » par l’activité humaine

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Une nouvelle carte révèle les zones de la planète où l’Homme a le plus faible impact. Des zones encore « sauvages » qu’il faut à tout prix protéger, estiment les chercheurs.

Mondialisation, surconsommation, surexploitation des ressources naturelles… Y a-t-il seulement encore un endroit sur Terre qui n’est pas directement impacté par l’activité humaine ? À cette question, beaucoup vous répondraient « non ». Et pourtant… Une nouvelle étude révèle une cartographie des zones encore « sauvages » – là où l’Homme a le plus faible impact. La conclusion ? 50 % des terres ne seraient que « peu touchées » par l’activité humaine.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont comparé et compilé 4 cartes récentes sur la transformation des zones naturelles en terres utilisées par les humains, chacune étant basée sur différents indicateurs d’activité. Ils ont par exemple repris les données des cartes Global Human Modification et Low Impact Zones : la première se penche sur la densité du bétail et sur l’exploitation minière et production d’énergie, et la seconde comprend des données tant sur le bétail que sur les aires protégées et la déforestation.

Parmi les éléments pris en compte dans cette nouvelle étude, on retrouve notamment la population humaine, les zones construites habitables et les terres cultivées. Les infrastructures – telles que les routes, les voies ferrées, les voies navigables – ou d’autres éléments liés à l’activité humaine – tels que les lumières nocturnes et les pâturages – ont également été analysés pour identifier les endroits où l’humanité est la moins « présente ».

La moitié des terres épargnées ?

Quel que soit le modèle analysé, environ la moitié des zones terrestres de la Terre sont classées comme subissant un impact humain « faible ». Et mieux encore, environ la moitié de celle-ci pourrait être décrite comme présentant un impact humain « très faible ».

Mais le plus intéressant, c’est que chaque carte, pourtant réalisée selon des critères bien différents, classe les mêmes zones dans ces deux catégories. Et pour cause, la plupart des zones qui entrent dans la catégorie des « régions faiblement impactées par l’Homme » sont soit très froides – comme la toundra et la forêt boréale qui s’étendent à l’extrême nord des Amériques et de l’Eurasie -, soit très chaudes – comme les déserts.

L’autre moitié de la terre, plus fortement influencée par les activités humaines, comprend les villes, les terres arables et les zones où le bétail ou l’exploitation minière sont présents.

50% des terres de la planète
© JASON RIGGIO ET AL, GLOBAL CHANGE BIOLOGY

Préserver la biodiversité

« La conclusion encourageante de cette étude est qu’il y a encore une petite chance de protéger environ la moitié des terres de notre planète et de les maintenir dans un état raisonnablement intact, si nous agissons rapidement et de manière décisive« , a déclaré Jason Riggio, l’un des auteurs de la nouvelle étude.

D’autant que les zones épargnées par l’Homme contribuent à la survie de ce dernier : les zones naturelles vierges du monde entier peuvent en effet aider à purifier l’air et l’eau, recycler les nutriments, améliorer la rétention et la fertilité du sol, fertiliser les plantes et décomposer les déchets.

La pandémie de coronavirus illustre parfaitement l’importance de conserver des zones naturelles pour séparer les activités humaines et animales. « Le risque de voir se développer des maladies comme le Covid-19 pourrait être réduit en arrêtant le commerce et les ventes d’espèces sauvages et en minimisant l’entrée de personnes dans les zones sauvages « , a déclaré Andrew Jacobson, professeur de conservation de la faune à Catawba. North Carolina College et l’un des auteurs principaux de l’étude.

Quant à savoir quelle moitié réellement protéger, la question reste délicate… Faut-il exclure complètement l’Homme de ces zones faiblement impactées, quitte à les transformer en des zones strictement protégées ? Les chercheurs ne le préconisent pas. D’autant que ce n’est pas toujours là que l’on trouve le plus d’espèces végétales et animales. Mais alors, faut-il se concentrer sur les zones à fort impact où les menaces pour les espèces sont les plus pesantes ? Aucune carte ne peut dire à l’humanité ce que nous devons protéger. L’idéal serait d’agir un peu des deux côtés.

Jason Riggio espère en tous cas que cette carte pourra renforcer les arguments en faveur de l’objectif de protection de la moitié de la planète à l’horizon 2050 lors de la prochaine réunion de la Convention sur la diversité biologique, prévue pour 2021.

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