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« 2018 est une année clé pour faire avancer l’action climatique »

Le Vif

Comment éviter un réchauffement hors de contrôle: environ 200 pays se retrouvent lundi à Bonn pour avancer vers la mise en oeuvre de l’accord de Paris, première étape d’une année « cruciale » dans la lutte contre le dérèglement climatique.

« 2018 est une année clé pour faire avancer l’action climatique », le moment « le plus critique » depuis la COP21 qui a donné naissance à l’accord de Paris en 2015, commente David Waskow, expert au World Resources Institute.

Cet accord vise à contenir le réchauffement mondial sous les 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. Mais les engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pris jusqu’à présent par les Etats signataires conduiraient à un monde à +3°C. Dans les conditions actuelles, le monde atteindrait déjà +1,5°C d’ici les années 2040, selon un projet de rapport du groupe des experts climat de l’ONU (Giec), qui estime « extrêmement improbable » de ne pas dépasser 1,5°C sans transformations drastiques et immédiates.

Alors que les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et que les émissions de CO2 sont reparties à la hausse en 2017, les appels à agir plus vite et plus radicalement se multiplient, à quelques mois de la 24e conférence climat de l’ONU (COP24) de décembre en Pologne, qui permettra d’évaluer la volonté politique des Etats à s’engager plus. « Un succès dépendra d’un accord ou non des Etats sur un mode d’emploi musclé de l’accord de Paris, et de leur volonté à rehausser leurs engagements nationaux d’ici 2020 », insiste David Waskow.

L’accord prévoit un premier bilan mondial en 2023, mais la communauté internationale a déjà lancé un dialogue pour encourager les Etats à présenter d’ici 2020 des engagements révisés. Ce processus baptisé « Talanoa » – mot utilisé dans les îles Fidji qui président actuellement la COP pour qualifier un dialogue permettant de construire la confiance « par l’empathie et la compréhension » – sera officiellement lancé pendant la réunion de Bonn qui commence lundi pour deux semaines.

Tensions Nord-Sud

Les contributions déposées en amont témoignent, selon l’ONU, d’un constat récurrent: « L’ampleur et le rythme de l’action climatique doivent être augmentés radicalement et immédiatement », parce qu’ils ne permettent même pas de respecter les engagements nationaux des Etats.

Avec le retrait annoncé des Etats-Unis de l’accord de Paris, les regards seront tournés vers la Chine, principal émetteur de CO2, mais aussi vers l’ensemble des pays développés, en particulier l’UE que plusieurs capitales européennes viennent d’appeler à rehausser ses ambitions, voire à poser l’objectif de neutralité carbone pour 2050. « Il est frustrant d’entendre certains pays développés célébrer leur leadership sur le climat alors qu’ils ne sont pas la hauteur des engagements modestes annoncés au fil des années », a dénoncé le ministre de l’Environnement des Maldives Thoriq Ibrahim, qui préside le groupe des petites îles (Aosis). « Jusqu’à ce que les pays développés joignent le geste à la parole, notre survie sera menacée », a-t-il insisté.

Les pays du Nord sont également régulièrement rappelés à leur promesse de porter à 100 milliards d’euros par an d’ici 2020 leur aide aux politiques climatiques de ceux du Sud. Ces tensions récurrentes entre pays riches et pauvres devraient également être un point de friction des négociations sur les règles d’application de l’accord de Paris, qui doivent être finalisées d’ici la fin de l’année pour permettre l’application du traité en 2020. Ces règles concernent notamment la « transparence », c’est-à-dire la façon dont les Etats rendent compte de leurs actions, de leurs financements, de leurs résultats. Et le degré de flexibilité qui sera accordé aux pays les plus pauvres focalise les discussions. Ce mode d’emploi « doit donner une crédibilité à l’accord », insiste Lucile Dufour, du Réseau Action Climat.

D’autres événements diplomatiques importants jalonneront les mois conduisant à la COP24, du G7 en juin à la publication du rapport du Giec à l’automne, en passant par le « sommet » organisé par le gouverneur de Californie en septembre.

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